Comme un dieu omniprésent, le souffle anime l’artiste en arts visuels Ito Laïla Le François. « Pour moi, livre-t-elle, le souffle représente le rythme et le cycle infini de la vie et de la mort. Il s’en dégage une énergie motrice, une certaine synergie. »

 

Résidant et œuvrant à Saint-Narcisse de Rimouski où se trouve son atelier en pleine nature, Ito Laïla Le François est représentée par la galerie d’art torontoise Walnut Contemporary. Formée en métiers d’art (sculpture et verre) avec un enrichissement en Studio Arts à Concordia, elle est une artiste prometteuse. « Avec ses nombreux prix depuis 2011, dont celui de la Banque Royale du Canada pour un artiste émergent en verre en 2015, Ito Laïla, dont les œuvres à la fois splendides et symboliques des drames que l’on vit, va aller très loin dans sa carrière », prédit l’artiste Virginia Pesemapeo Bordeleau, qui a travaillé avec elle.

 

NOTRE VRAIE NATURE 

Mue par l’idée que nous ne faisons qu’un avec la nature, l’artiste explore les liens entre les corps et les lieux qu’ils habitent. Se servant tant de matériaux naturels (bois, fourrure) que de verre soufflé, elle aborde les concepts de la féminité, de la violence et du corps. L’intuition aiguille sa création, donnant naissance à des œuvres qui semblent tout droit sorties d’un songe mystérieux.

 

Son approche multidisciplinaire et anatomique met face à face la laideur et la beauté du monde. Juxtaposant l’anatomie humaine ou animale aux paysages de l’industrie primaire, Ito Laïla Le François exprime le lien indéfectible entre l’homme et l’espace qu’il habite : mutiler l’environnement ou son propre corps revient alors au même. Pour l’artiste, nous traitons collectivement le territoire comme nous traitons notre corps : de façon abusive et autodestructrice. En ce sens, les dommages causés par l’exploitation des ressources premières sont représentés par des créatures-paysages qui dégagent à la fois splendeur et souffrance.

 

Avec sa tête de bœuf et ses brins de blés balayés par un doux vent, l’œuvre La mort aux champs montre une nature en apparences bucolique et pourtant assiégée par les insecticides et les pesticides. L’œuvre Racines défoliantes démontre quant à elle que les produits chimiques ingérés par la terre se logent dans nos corps et se transmettent de génération en génération. Élaborée en Norvège, la pièce Can’t Stop Thinking About Love And My Body remet en question le cycle néfaste de la consommation qui met en péril les océans du globe. 

 

L’exposition Toi et ta splendide laideur d’Ito Laïla Le François sera présentée du 25 janvier au 24 mars à la Galerie du Rift de Ville-Marie. 


Auteur/trice

Ingénieur forestier pour Domtar Woodlands, la Société d’État REXFOR et puis à son compte, Gaston a pris sa retraite en 2006. De retour sur les terres de sa jeunesse et fort d’un baccalauréat en Études littéraires, il se consacre à l’écriture tout en collaborant avec L’Indice bohémien depuis 2016 à la rédaction de textes et à la distribution du journal.