Né sur la ferme familiale à Poularies, Jos Letendre est d’abord un garçon débrouillard qui suit les traces de son père Adélard : déterminé, ordonné, minutieux et travailleur persévérant. Homme juste et catholique pratiquant, en tant que servant de messe, il participe activement aux œuvres diocésaines. Devenu chirurgien spécialiste de talent et homme de gros bon sens, il devient un formidable actif pour sa communauté.

Ses études classiques à Joliette le mènent à l’Université Laval en 1954 pour des études en médecine, puis il entreprend sa carrière en science orthopédique à l’Hôtel-Dieu de Québec. Il approfondit les théories médicales de pointe en Europe avant de s’établir à Amos en 1965 pour fonder un département d’orthopédie. Il revenait alors dans sa région natale pour innover dans les mondes de la médecine et des arts.

Médaillé de l’Ordre du Canada, il a reçu de nombreux autres prix, régionaux, québécois et canadiens, pour son engagement remarquable, tant social que culturel, envers le développement de sa région.

MÉDECIN-CHIRURGIEN-ORTHOPÉDISTE

Homme respecté, on a tout dit le concernant : « Sans Jos, l’hôpital d’Amos ne serait pas le même; mon mentor; un développeur municipal et bâtisseur des services de santé », dit le Dr Adam. Amos et la région lui doivent beaucoup : département d’orthopédie, spécialités chirurgicales, radiologie, physiothérapie, Fondation hospitalière, etc.

ARTISTE ET MÉCÈNE

Au pays et dans la région, de grands esprits contemporains ont inspiré le sculpteur modeleur qu’il est devenu. De sa soixantaine de bustes en bronze, en plâtre et en ciment fondu, sa collection de 21 premiers ministres canadiens exposée à l’échelle du Canada a fait sa renommée. La collection du Vieux-Palais comporte les bustes de 13 personnages importants, engagés dans la région ou ailleurs dans le monde. On lui doit aussi le buste du premier couple pionnier, fondateur d’Amos, Ernest et Albertine Turcotte, situé devant le Centre communautaire Goyette-Ruel.

Membre de la Commission des activités culturelles d’Amos, il a reçu le prix reconnaissance Thérèse-Pagé pour sa passion envers la sculpture et à titre de mécène. Il s’est ainsi impliqué en siégeant à plusieurs conseils d’administration dans le domaine culturel, dont à la présidence (2008 et 2009), du conseil d’administration de la Corporation du Vieux-Palais et de la Maison Hector-Authier. Avant d’emménager aux Jardins du Patrimoine, il a offert son matériel d’artiste et son aide à la Société des arts Harricana, et a fait don de certaines de ses œuvres au Vieux-Palais.

« Ce grand humaniste avait un attachement au patrimoine et aux arts visuels », dit Léopold Noël.

IMPLICATION SOCIALE ET COMMUNAUTAIRE

En 1971, Joseph Letendre fait partie de l’équipe du maire Jean-Hugues Boutin, qui présente le premier plan d’urbanisme d’Amos. Il est aussi l’instigateur du projet de la passerelle Ulrick Chérubin. Membre du Club Richelieu, il a pris une part active aux différents rituels liturgiques et a été un discret et généreux donateur à la cause ecclésiastique. En 2011, il a aussi été président d’honneur de la campagne de souscription populaire pour la rénovation du toit de l’évêché. « Plus on vieillit, plus on s’intéresse à l’histoire », dit-il au journaliste Martin Guindon, à qui il rappelait avoir mené les campagnes de financement pour l’achat d’un scanner et d’une table d’angiographie numérique pour la Fondation hospitalière d’Amos.

J’ai aussi eu droit à l’accueil chaleureux qu’il réservait aux jeunes médecins pour les acclimater dans la région. À la suite de mon retour à Amos après 46 ans d’exil, lors d’une visite cordiale chez lui, son épouse et lui m’ont gardé à souper.

« Discret, il a été impliqué dans tout ce qui bouge à Amos. Il avait le sens de la fête, des rassemblements, un grand humaniste », écrit Louise Talbot.

UNE GRANDE PERTE

Le 15 mai 2020, ce grand homme est parti pour l’autre monde rejoindre sa Raymonde qui l’attendait depuis 43 longues journées.

Médecin-chirurgien-orthopédiste respecté, le Dr Letendre était marié à Raymonde Vincent qui l’a si bien accompagné dans son remarquable parcours. Ils ont eu quatre enfants : Denis, Louise, Micheline et Marie.

Il me semble l’entendre dire à ses amis, comme son père lui a dit en 1975, quelques semaines avant son décès : « Oui! j’ai eu une belle vie et je serais encore capable d’aimer ça ».

Adieu, ami Joseph qui m’a toujours encouragé dans mes écrits.


Auteur/trice

Ingénieur forestier pour Domtar Woodlands, la Société d’État REXFOR et puis à son compte, Gaston a pris sa retraite en 2006. De retour sur les terres de sa jeunesse et fort d’un baccalauréat en Études littéraires, il se consacre à l’écriture tout en collaborant avec L’Indice bohémien depuis 2016 à la rédaction de textes et à la distribution du journal.