Les conséquences des changements climatiques sont fortement ressenties par les populations autochtones à travers le monde, incluant au Canada. Le modèle économique largement responsable des changements climatiques correspond pour elles à des siècles de colonisation. Bien que le fardeau de la lutte aux changements climatiques semble porté par l’ensemble de l’humanité, leurs conséquences ne sont pas réparties également. Avec l’érosion accélérée de leurs savoirs et cultures et la dépossession de leurs territoires, les Autochtones se retrouvent dans une situation socioéconomique plus précaire que la société dominante. En outre, plusieurs communautés se trouvent dans des territoires plus exposés aux risques environnementaux. Par exemple, des communautés du Nord du Canada non reliées par la route dépendent de chemins d’hiver pour leur approvisionnement et voient la saison d’englacement diminuer. D’autres sont fortement affectées par les évacuations et la perte de repères vécue pendant et après des feux de forêt sévères, comme on a pu l’observer chez les Cris de Eastmain au Québec, en 2013.
Face à cette situation, les mouvements politiques autochtones en faveur de la protection de l’environnement sont forts de siècles de résistance aux projets extractivistes. Le militantisme autochtone met de l’avant l’affirmation culturelle, l’autodétermination et la protection de l’environnement. Différents foyers de contestation ont émergé dans les dernières années pour s’opposer à des projets d’oléoducs. En début d’année, le Canada a été secoué par des blocages ferroviaires en appui à des chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en (Colombie-Britannique) s’opposant à l’oléoduc Coastal Gaslink.
En parallèle à ces mouvements, des communautés autochtones adaptent leur mode de vie aux changements environnementaux, notamment à l’aide de leurs savoirs traditionnels. Certaines modifient leurs activités de chasse, de pêche et de cueillette en fonction des nouvelles espèces présentes. À d’autres échelles, elles créent des instances décisionnelles afin de contrôler et d’influencer la recherche scientifique et les projets de développement ayant lieu sur leurs territoires traditionnels. Plusieurs projets de recherche collaboratifs sont en cours à l’École d’études autochtones de l’UQAT, notamment avec les communautés Cries de Eeyou Istchee (Nord du Québec) afin de comprendre les impacts cumulatifs des changements climatiques et des projets extractifs, et développer diverses stratégies d’adaptation.