« La créativité, c’est l’intelligence qui s’amuse. » Voilà une citation d’Albert Einstein qui résumera assez fidèlement l’année 2022 d’Émilie B. Côté, artiste multidisciplinaire native du Témiscamingue. En effet, les prochains mois seront des plus productifs pour celle dont l’exposition La résilience des végétaux vient de se terminer, alors que d’autres projets artistiques sont déjà en branle.

LA RÉSILIENCE DES VÉGÉTAUX

Son premier projet de l’année est déjà achevé puisque son exposition, La résilience des végétaux, présentée à l’Écart de Rouyn-Noranda, s’est conclue avec un finissage le 13 mars dernier. Les œuvres présentées, qui mettaient en lumière le combat du règne végétal dans un milieu de plus en plus perturbé par l’activité humaine, lui ont permis de communiquer sa vision du monde dans laquelle la beauté de la nature côtoie les ruines. C’est la dualité entre la nature et l’urbanité, la délicatesse et la rigidité, la vie et la mort.

« Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est la vie. Celle qui reprend son cours et qui trouve son chemin, résiliente et muette. Le plâtre et le béton, matériaux résolument urbains, rencontrent les bryophytes, cette grande famille des mousses et lichens, puis les polypores, ces champignons qui poussent sur les arbres. L’idée de l’envahissement d’une surface aride par un organisme vivant est un aspect récurent dans mon travail. Il vient ponctuer l’espace de petites renaissances, où la mort laisse place à une nouvelle vie dans un cycle éternel de recommencement. »

Dans cette exposition, elle a dû relever un grand défi : créer l’ensemble des œuvres en trois semaines, le temps de sa résidence. Bien qu’elle soit arrivée avec des matériaux, quelques petites pièces déjà réalisées, l’entièreté a été créée sur place. « Au début, le rythme est lent. Il faut prendre le temps de choisir ce qu’on veut exprimer. J’avais mon sujet principal, mais le plan de match n’est toujours pas très précis dès le départ. » L’artiste a donc laissé place aux expérimentations, aux erreurs et aux remises en question pour aboutir à un résultat dont elle est très fière. Ce moment passé en Abitibi lui a aussi permis de parfaire ses habiletés et ses connaissances puisque l’artiste a profité de l’occasion pour suivre une formation en soudage avec Denis Michaud dont l’atelier est situé à Preissac. « C’était donc nouveau pour moi, et je suis vraiment fière de maîtriser ces nouvelles techniques. Ça faisait longtemps que j’avais envie d’apprendre et ça ouvre la porte à tellement de nouvelles possibilités! » L’œuvre dont elle est la plus fière : son chevreuil en tiges d’acier!

DES PROJETS PLEIN LA TÊTE

Dénaturer le territoire à des fins pratiques en respectant peu les écosystèmes est la préoccupation initiale d’Émilie B. Côté. Dans sa démarche, elle s’inspire donc de la force du végétal qui trouve la fente dans le béton pour retrouver la lumière. Les deux autres projets qui sont à son agenda seront en quelque sorte une suite logique à ce schème. Cette fois, elle pourra aller chercher l’expertise scientifique qui lui est nécessaire pour mieux maîtriser son art vivant dans sa plus grande globalité grâce à un projet d’art public financé par le Conseil des arts du Canada. Le but : réaliser une œuvre d’art public en acier et en béton dans laquelle seront intégrés des végétaux, dans l’objectif de faire cohabiter des matériaux associés à l’urbanité et des matières organiques. « Des petites œuvres issues de mes recherches seront exposées à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) pendant le colloque annuel de l’Association des botanistes du Canada en juin 2022. Le lieu pour l’œuvre finale n’est pas déterminé pour l’instant. »

En même temps, elle planche sur le projet La mémoire des ruines. « Il vise à récolter des archives du patrimoine bâti du Témiscamingue, qui seront, dans un premier temps, interprétées en art imprimé par Édith [Laperrière] puis, de mon côté, je vais m’inspirer de ses sérigraphies très épurées et minimalistes pour reproduire un de ces bâtiments dans le Centre d’exposition, avec de vieux matériaux récupérés. Le projet sera présenté au Centre d’exposition du Rift en septembre 2022. »

Bref, si l’on en croit Einstein, l’intelligence d’Émilie B. Côté s’amusera plus que jamais avec ses projets en devenir amalgamés à ses fonctions de directrice artistique du Centre d’exposition du Rift de Ville-Marie et de coordonnatrice de la Biennale Internationale d’Art Miniature.


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.