En février 2018, l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue a dévoilé son Plan d’action 2019-2024 en lien avec les peuples autochtones. L’institution a également profité de l’occasion pour inaugurer son Laboratoire de cartographie participative. Basé dans les nouveaux locaux du Pavillon des Premiers-Peuples du campus de Val-d’Or, il s’agit d’un lieu de recherche et de formation mettant à contribution les communautés autochtones et les savoirs qui leur sont propres. Les travaux effectués ont pour but de « développer des outils cartographiques qui rejoignent davantage les relations, les représentations territoriales autochtones », explique Benoit Éthier, professeur responsable du Laboratoire.

 

LA RECHERCHE

Les projets de recherche en cours au Laboratoire ont des thèmes et des objectifs variés. Certains d’entre eux, en lien avec la toponymie, par exemple, visent à mettre en valeur les noms de lieux autochtones sur le territoire. M. Éthier travaille également à documenter les régimes fonciers autochtones, entre autres dans le but de valoriser les savoirs traditionnels liés à la gestion des ressources territoriales. « L’idée de ça, c’est aussi de faire reconnaître que les Autochtones ont des règles liées à l’utilisation des territoires et à la gestion des ressources naturelles, et que ces règles-là ne sont pas connues de l’ensemble des Québécois et Québécoises », explique-t-il. Un des objectifs communs à ces projets demeure la transmission et la mise en valeur des savoirs territoriaux auprès des jeunes, mais aussi auprès de l’ensemble des membres des communautés autochtones et allochtones.

 

UNE COLLABORATION ESSENTIELLE

La collaboration, l’écoute et le respect des besoins des Premières Nations sont des aspects primordiaux des travaux du Laboratoire. « La carte comme telle est un outil intéressant, mais c’est le processus de création de la carte aussi qui est super important », dit M. Éthier. En effet, ce processus est marqué par diverses consultations entre les membres des communautés et le milieu universitaire, qui se nourrissent mutuellement. Ces rencontres permettent de tisser progressivement un lien de confiance entre les deux milieux, et ce, pour le meilleur bénéfice de la recherche. « L’idée, c’est de partager les expertises, les ressources, dans des objectifs et des intérêts qui sont complémentaires », ajoute M. Éthier.

L’inclusion des membres des communautés dans les travaux effectués passe entre autres par leur contribution directe à la recherche. Les chercheurs ont souvent recours à l’expertise des Autochtones, entre autres pour traduire les paroles des aînés. « Ils aident beaucoup la recherche, ils vont cibler les bonnes personnes à rencontrer, faire les traductions, c’est des pivots qui sont vraiment importants pour la recherche. Eux aussi développent par le fait même, par leur participation aux programmes de recherche, une expertise et un savoir non négligeables », précise M. Éthier. 

 

UN LIEU DE PARTAGE

Selon Benoit Éthier, le Laboratoire de cartographie participative est certainement un atout pour la création et le partage des connaissances dans la région. Il pourrait permettre, entre autres, de créer des partenariats entre les diverses communautés autochtones, mais aussi avec les communautés allochtones. Pour M. Éthier, la rencontre et l’échange entre les diverses nations allochtones et autochtones sont nécessaires pour repenser d’une part nos rapports à l’environnement et au territoire et d’autre part à la cohabitation interculturelle de façon inclusive, et ce, en tissant des liens à long terme.