C’est tout un appel à l’action, l’initiative « Anicinabemodan : parlons anicinabe », qu’a préparée l’équipe de Minwashin pour favoriser la revitalisation de la langue anicinabe sur tout le territoire des Anicinabek, en cette année 2019, décrétée année des langues autochtones par l’UNESCO.

D’ailleurs, Minwashin a choisi le 21 février, journée internationale des langues maternelles, pour lancer le projet. Anicinabemodan se décline en une dizaine de gestes adressés aux citoyens afin qu’ils apprennent à reconnaître la langue anicinabe et à l’utiliser. Le Conseil tribal de la nation algonquine poursuivra cette initiative au printemps en lançant une application mobile gratuite permettant d’apprendre la langue.

Comme le dit Geneviève Binette, agente de développement culturel pour Minwashin, l’anicinabe est une langue qui demande beaucoup de créativité. À l’origine, elle était parlée par des gens qui vivaient en forêt et on doit aujourd’hui y intégrer des mots adaptés à une autre réalité. De plus, ajoute-t-elle, il existe plusieurs dialectes. Ainsi, les locuteurs du Lac Simon ont un dialecte différent de ceux de Timiskaming First Nation et de Pikogan. Ayant établi un partenariat avec la communauté de Lac Simon pour ce projet, Minwashin a donc choisi de présenter ce dialecte avec l’aide de la conseillère en langue de Lac Simon Virginia Dumont.

Pour Richard Kistabish, président de Minwashin, la langue c’est « l’essence de notre identité… elle représente d’où on vient, où on veut aller et le moyen de nous transporter entre les deux ».

Cette initiative nous invite à communiquer un peu en anicinabe avec les Autochtones. Un lexique nous permet d’apprendre des mots et leur prononciation. Ainsi les allochtones sont invités à apprendre des mots et à les utiliser. Pourquoi ne pas se dire kwe (bonjour) ou bien migwetc (merci) lorsqu’on rencontre un Anicinabe? Il s’agit d’un bon moyen d’engager la conversation pour lequel il suffit d’apprendre le vocabulaire de base, des noms d’animaux, de couleurs… Une trousse d’initiation à la langue a été envoyée à toutes les municipalités de la région et est aussi disponible pour être téléchargée sur le site Web de Minwashin. L’organisme souhaite aussi mettre en valeur les initiatives déjà mises en place par les Autochtones dans les communautés en faisant connaître leurs actions sur Facebook. « La meilleure façon d’apprendre la langue est de se rapprocher des gens et de parler avec eux », affirme Mme Binette.

La recherche en toponymie constitue une autre piste d’action à envisager, et elle peut engendrer de nombreuses découvertes. À cet effet, Mme Binette raconte qu’elle et sa famille fréquentaient pour la pêche un endroit qu’ils appelaient Namawash. Or, en faisant des recherches toponymiques, elle a trouvé que le nom anicinabe originel était namé (prononcer némé), qui veut dire esturgeon. De même, Barraute a comme nom Natagan, qui veut dire eau tortueuse.

Pour en savoir davantage sur les 10 gestes, on peut consulter le site Web de Minwashin.

QUELQUES RENDEZ-VOUS À NE PAS MANQUER

Le Pow-Wow de Pikogan qui honorera la langue les 8 et 9 juin 2019.

L’exposition Dialogue 3 au MA Musée d’Art de Rouyn-Noranda du 30 mai au 31 août 2019.

La deuxième rencontre sur les arts et la culture Miaja 2 qui se tiendra cet automne à Kebaowek.


Auteur/trice

Michèle Paquette est retraitée de l’enseignement des sciences naturelles au niveau collégial. Elle écrit dans L’Indice bohémien depuis 2013. Elle habite en Abitibi-Témiscamingue depuis 2006. Elle a vécu sur la Côte-Nord où elle s’est occupée d’environnement. Ici, elle s’intéresse tout particulièrement à la culture abitibienne.