Être jeune et se laisser porter par le BEAT de la vie. Entendre les échos de la liberté. Immortaliser sa vision avec une caméra et capter le son de cette effervescence.
André Blanchard, directeur du module en création et nouveaux médias et de l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) en création et nouveaux médias (UER) à l’UQAT, Alain Dupras, directeur photo et Robert Girard, preneur de son, se sont rencontrés dans les années 70. Ils avaient 20 ans.
André a rencontré Alain à l’école de cinéma en Belgique. Ils sont venus en Abitibi pour ce qui était au départ un séjour de six mois qui dura finalement six ans, alors qu’ils participaient en tant que caméramans à la production des premiers cours télémédiatisés de la TÉLUQ. En parallèle, ils rêvaient de faire des films. Robert Girard s’est greffé au groupe, lui qui savait opérer son magnétophone Nagra et avait toutes les connaissances pour faire du son au cinéma. Leur rencontre a donné BEAT (1975), un succès critique étonnant présenté à Montréal. La tête des cinéphiles quand ils se sont rendus compte que le film n’abordait pas des thèmes typiquement abitibiens! Avec 12 000 $ (10 000 $ du Conseil des arts et 2000 $ de M. Rolland Lapointe des Caisses Desjardins), ils ont fait passer l’Homme avant les mines et les forêts. Le film a été une telle réussite qu’il a été présenté en supplémentaire au Théâtre du cuivre de Rouyn-Noranda. Le directeur de l’époque, Claude Lacasse, n’en revenait pas! La file était longue!
Robert Girard, surnommé Bè par ses nombreux collègues et amis, a été preneur de son sur plusieurs films tournés en région (Comme des chiens en pacage, Noranda, L’hiver Bleu, Le soleil se lève au nord) et à l’extérieur comme à Bamako, Fermont et Kuujjuaq. Il a également œuvré à Radio-Canada (Le Téléjournal, Le Bye Bye de RBO 2006). Alain Dupras a fait la direction photo aux côtés de Richard Desjardins et Robert Monderie (Comme des chiens en pacage, Trou Story), Yves Fortin (Voyage au cœur des ondes), Jean Beaudry (Les matins infidèles), et plusieurs autres.
Mais, au fil du temps, Blanchard, Dupras et Girard se sont perdus de vue…
Il y a quelques mois, le 34e Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT) a tenu à rendre hommage à deux disparus, soit Robert Girard (1951-2015) et Alain Dupras (1952-2015) : « En fait, comme on suit les gens qui produisent des films depuis des années, il arrive que certaines personnes nous quittent. C’est un constat incontournable de la vie. Nous soulignons ainsi par un court texte ou un clin d’œil ces gens importants et parfois peu connus pour leur apport à la cinématographie régionale ou nationale. Ce sont aussi des connaissances et souvent des amis. Et la société oublie parfois ces acteurs qui ont fait ce que l’on est aujourd’hui », nous expliquait Louis Dallaire, l’un des fondateurs du FCIAT.
Par chance, la vie reste éternelle grâce au cinéma. Il sera toujours possible de ressentir le BEAT d’une belle époque grâce au travail d’André Blanchard, Alain Dupras et Robert Girard. \