Une autre édition du FME s’est terminée. Une 11e édition qui, après les grands déploiements de l’an dernier pour son 10e anniversaire, m’avait d’abord laissée sceptique. Pourtant, comme d’habitude au dévoilement de la programmation, j’y connaissais bien peu des noms à l’affiche. Ma première impression était que cette année serait moins bonne que les autres.
Cependant, mélomane que je suis, doublée de mon nouveau chapeau de rédactrice en chef, j’ai tout de même passé les 4 jours du festival à butiner de surprise en enchantement. Nous avons même poussé l’audace jusqu’à nous coucher très tard toute la fin de semaine, incapables de nous détacher de ce pôle aimanté que devient le quartier du Vieux-Noranda à partir de l’après-midi.
Ce qui n’était pas une surprise, c’est que le spectacle des Random Recipe était bon. De la dynamite, ce groupe, sur la scène. Et que dire des filles? Ma foi, une décharge électrique. Figures montantes de la scène hip hop, elles mangent la scène avec une énergie, une fougue qui fait du bien.
Pour ce qui est de Gros Mené, pas d’étonnement non plus. C’était du Fred Fortin et du Olivier Langevin à l’état pur. Les dialogues guitare et basse, l’osmose palpable entre les musiciens qui, comme un vieux couple, se comprennent sans se parler, la testostérone au cube et un batteur déchainé ont eu raison de la foule et nous sommes repartis comblés, les acouphènes dans le tapis et notre dose de rock pour la soirée.
C’est grâce à des amies motivées que je me suis retrouvée à La Légion pour un 5 à 7, pour découvrir un artiste, je devrais dire une voix, celle de Tire le coyote, au folk sensible et fort intéressant. La formule cadrait d’ailleurs très bien avec cette musique, qui demande pour la savourer qu’on l’écoute en profondeur. C’est qu’il a le don d’écrire, le coyote, et il l’a prouvé à son auditoire conquis avec la chanson Jolie Anne, composée sur la route lors d’un voyage vers Rouyn-Noranda en mars 2013. Un mélange entre Sonia Cotten et Richard Desjardins.
La soirée s’est poursuivie sur une note plus survoltée, au rythme des Dead Obies. Avec une moyenne d’âge frôlant les 23 ans, les petits gars de la Rive-Sud ont donné tout ce qu’ils avaient dans le ventre. Même si c’est le seul concert où on m’a appelé « madame » à l’entrée, ce qui est peut-être poli mais fort déplaisant, le clash des générations ne m’a pas empêchée d’apprécier la performance.
La formule des shows surprises et de L’Off, petite halte sympathique au cœur du festival, a permis à plusieurs comme moi de bénéficier de quelques bonus. Punk, jazz et autres installations vidéo, sans compter le méchoui, tout y était pour donner cette touche si personnelle au FME, ce sentiment de proximité et de générosité qui donne toute sa splendeur au festival.
Mais je ne peux finir cet épanchement du cœur sans parler de Yann Perreau. Perreau, qui a livré une performance digne d’un soir de clôture, grandiose d’intimité, de générosité, à la fois théâtrale et poétique. C’est bien ça la magie Perreau, c’est comme s’il étendait ses bras en avant et qu’il prenait chaque personne contre lui tout au long du spectacle. Une odyssée magnifique, touchante, provocante. Après ça, le FME pouvait bien être fini!
Merci, FME, de m’avoir surprise, de m’avoir fait changer d’idée, j’aurais dû avoir confiance en toi. Le plaisir de faire découvrir, c’est ta spécialité.