C’était la fin avril. La brise était fraîche, le lac Témiscamingue pas encore calé, et déjà, la terrasse de l’Auberge Chez Eugène embaumait le feu de camp, promesse d’un été chaud et festif. Louis-Philippe Gingras venait juste de « traverser l’parc » pour un hit and run de trois spectacles dans sa région natale. Poésie de shop, espoirs plébéiens et romantisme populaire étaient au menu, entremêlés des sonorités tantôt folk, tantôt rock d’un univers mélodique riche en complexités (musicien de formation, Louis-Philippe a fait ses études universitaires en jazz). 

UN SPECTACLE SUR MESURE

« On a concocté un show qui parle un peu plus de l’Abitibi », explique l’auteur-compositeur-interprète. Une sélection spéciale tirée des albums Traverser l’parc (2013) et Troisième rangée (2016) ainsi que du microalbum La rangée des popsicles, sorti l’été passé, en plus d’autres chansons composées depuis le temps. Le tout « en formule power trio » avec Dany Placard à la basse et Charles Guay à la batterie. Le Témiscamien Dominic Bérubé (Marionnette Pointue) est également monté sur scène pour la chanson Buck saw dont il est coauteur.

Même si les gars tournent depuis environ un an et demi avec ce matériel, le spectacle se renouvelle constamment. « Il y a jamais un show qui est pareil. Souvent, sur scène, on décide de changer des chansons. Des fois c’est super smooth, des fois c’est moi qui braille sur le stage, des fois c’est quelqu’un d’autre, pis des fois c’est ben rock pis rentre-dedans. »

INSTINCT ET ÉMOTION

Pour ce guitariste émérite, l’écriture reste un processus intuitif. « J’suis pas quelqu’un qui s’assoie pis qui écrit. Il faut qu’il se passe quelque chose. Qu’il y ait un filon, des images. Il y a une ligne mélodique qui me vient en même temps qu’une parole ou une phrase, je développe avec ça et je construis quelque chose. Après, je suis vraiment pointilleux et perfectionniste. Je gosse avec mes tounes jusqu’à ce que j’aie un produit que je vais avoir le goût de chanter pendant des années », explique Louis-Philippe, qui tente d’ailleurs composer ses chansons en deux journées maximum pour ne pas en « perdre l’essence ».

Ces temps-ci, Louis-Philippe se concentre sur les spectacles à venir (il sera du Festival en chanson de Petite-Vallée le 5 juillet, à Trois-Pistoles le 22 juillet et à Saint-Hyacinthe avec Dave Chose le 8 septembre). Il compose aussi beaucoup en prévision d’un prochain album. Même si aucune date précise n’est annoncée, il dit avoir hâte de retourner en studio. Espérons qu’il ne se fera pas attendre trop longtemps!

JUKEBOX NORANDA : ÉCRITURE MUSICALE AVEC LES JEUNES

Louis-Philippe Gingras a participé cette année au projet « Jukebox Noranda », un chantier d’écriture d’une durée de six semaines avec des élèves de 3e, 4e et 5e année de l’école Notre-Dame-de-Protection de Rouyn-Noranda, son ancienne école primaire. En plus d’être impliqués dans l’écriture des paroles, les enfants ont participé à la composition musicale : « Ils m’ont aidé à choisir les accords et les instruments. On a ensuite fait l’enregistrement de ces chansons-là de façon professionnelle. Ils ont chanté, deux ont fait un couplet, un a joué du tambourin. Ça s’est bien passé, on a même eu droit à un solo de guitare d’un petit gars qui n’avait jamais joué de sa vie! » Les enfants ont pu se produire devant leurs parents et amis au Petit Théâtre du Vieux Noranda (parrain du projet) à la fin mai dernier. Ils ont également eu la chance de présenter leurs compositions au grand public lors d’un spectacle extérieur organisé dans le cadre du Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue. Soutenu par le programme La culture à l’école, le projet comprenait aussi un volet historique avec l’animateur Félix B. Desfossés et un volet danse avec Sylvie Richard. La coordination artistique était assurée par Monique Bernier. 


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