Au cours du dernier mois, deux régions du Québec ont perdu leur journal culturel parce que le groupe Rodgers n’était plus en mesure de rentabiliser ses versions mauricienne et saguenéenne du Voir. Les temps sont durs dans le monde de l’imprimé… Les temps deviennent d’autant plus durs pour la culture dans ces marchés intermédiaires.

Bonne nouvelle pour l’Abitibi-Témiscamingue : L’Indice bohémien est en pleine santé! Son statut coopératif prend ici tout son sens et gagne donc toute sa crédibilité. Ce qui est encore plus saillant : le travail acharné et l’immense dévouement de ceux qui l’ont mis au monde. À Winä Jacob, à Maurice Duclos, à tous ceux qui ont gracieusement prêté jusqu’ici leur plume à L’Indice ou qui ont participé à son essor, chapeau! Vous avez créé un outil devenu incontournable pour qui veut savoir de quelle culture se chauffe l’Abitibi-Témiscamingue. L’Indice bohémien est connu partout, on le lit, on le relit.

Outil incontournable donc. Mais à quoi sert-il vraiment? Et à qui?


À la promotion des activités culturelles d’ici. Au rayonnement des artistes. Bien sûr. Mais la portée réelle d’un journal culturel est à mon sens beaucoup plus large que cela. La culture des gens qui habitent un territoire est un ensemble de convictions partagées, de manières de voir et de faire qui orientent leur comportement, leur développement. Quelque chose comme l’ADN d’une population. Cela dit, L’Indice bohémien devrait à mon sens être un miroir sur notre culture. Un miroir qui ne déforme pas, un de ceux qui donne l’image réelle de ce qu’il est à celui qui ose humblement s’y regarder. Évidemment, rien n’empêche de se faire beau avant de s’y mirer!

Et pourquoi est-il indispensable?


L’engagement citoyen à y écrire, la rencontre avec la rigueur journalistique et la rencontre avec l’obligation d’un certain recul pour celui qui rend compte, qui décrit, qui critique aussi. Ce recul, cette forme, cet engagement : autant de façons de se regarder humblement dans un miroir. Bref, ceux et celles qui font L’Indice gagnent en sens critique et s’enrichissent, tant de leurs sujets que de leurs efforts à les bien rendre. En ces temps où convergence et rentabilité semblent saper ce qui reste de pouvoir d’équilibre aux médias, L’Indice bohémien se réclame média citoyen. Pour cela, il est indispensable.


Toute chose étant cependant imparfaite, il faudra tenir bien serrées nos convictions pour arriver à nos fins. Pour rendre compte des hauts faits culturels, pour suivre ceux qui donnent un nom à nos couleurs, pour joindre les deux bouts des spectres générationnels et traditionnels afin que de cultures différentes naissent de nouveaux éclats, il faudra, oui, garder le courage de nos convictions mais aussi se donner les moyens de nos ambitions.


À titre de nouveau rédacteur en chef de L’Indice bohémien, je nous souhaite un journal fort comme la culture qu’il reflète, humble comme l’artiste qui se donne et courageux comme le résistant qui se lève. Ni plus ni moins… que ce que nous sommes.


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