Nous venons de vivre le mois de mars le plus chaud depuis que l’on fait ce genre d’observation. Mais ça n’a rien à voir avec le réchauffement climatique… Non, le climat ne se réchauffe pas, sinon le premier ministre du Canada nous alerterait sans hésiter…

Ce mois de mars 2012 marquera aussi nos mémoires parce qu’il fut témoin de la plus importante mobilisation étudiante de notre histoire. Des universités et des cégeps, ils et elles se sont déployés avec l’énergie d’une rivière en débâcle. Près de 300 000 en grève le 22 mars dernier : un record! La même journée a connu une manifestation où la foule fut évaluée à 200 000 personnes, l’une des plus importantes que le Québec ait connue!

La jeunesse étudiante, dans toute société, est à l’avant-garde de la révolte populaire. La nôtre est appuyée par des enseignants, des parents, des grands-parents, des syndicats, des artistes et des groupes communautaires dans un élan de solidarité sans pareil. Ce sont ces mêmes jeunes, que des gérants d’estrade se plaisent à décrire comme étant dépolitisés, matérialistes et individualistes, qui nous donnent des leçons d’engagement!

Notre région est devenue ce qu’elle est parce que des petits-enfants, filles et garçons de bûcherons, d’agriculteurs et de mineurs ont pu étudier pour devenir ingénieurs forestiers, agronomes ou ingénieurs miniers. Il a servi à cela, le gel des frais de scolarité en Abitibi-Témiscamingue.

Et on veut faire revenir le coût des études universitaires à ce qu’il était en 1969 quand seuls les riches avaient accès à l’université? Cette hausse est insensée!

Insensée parce qu’avec les défis que nous devons affronter (comme celui du réchauffement de la planète…), nous aurons besoin des gens les plus instruits possible. Insensée parce que dans vingt ans, une personne sur trois aura plus de 65 ans et qu’il nous faudra un peuple très éduqué pour faire face à cette situation. Insensée parce que nous manquons déjà de diplômés. Insensée parce que ce geste nous fait revenir à la colonisation. Insensée, finalement, parce que ne pas écouter notre jeunesse mobilisée équivaut à dire non à ce que nous voulons devenir.

Les pas de ces centaines de milliers de jeunes, marchant fièrement dans nos rues, ont brisé la glace de l’hiver mercantile qui gèle nos esprits depuis trop longtemps. « Crions! Plus fort! Pour que personne ne nous ignore!!! » Ce slogan a été scandé des milliers de fois ce printemps. Il ne peut être plus actuel au milieu du vacarme néolibéral qui nous rend sourds à notre humanité. L’éducation n’est pas une marchandise. Point!

J’écris ces lignes sans connaître le dénouement du conflit. Je sais que des manifestations s’organisent le 22 avril pour le Jour de la Terre notamment afin de remettre en question le Plan Nord (lequel n’a étrangement pas de problème à être financé…). Je sens aussi que ça ne s’arrêtera pas là, fort heureusement…

Non, le climat politique ne se réchauffe pas, sinon le premier ministre du Québec s’en alerterait sans hésiter…


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