Voilà un bel hommage que celui rendu par le Centre d’exposition de Val-d’Or à l’artiste peintre Ma-Reine Bérubé, décédée en 2004, à l’âge de 85 ans. Coiffée d’un titre – Une femme plus grande que nature – qui aurait sans doute fait rougir sa gracile silhouette, l’exposition met en lumière une trentaine d’œuvres minutieusement choisies. Illustrant un parcours de création de plus de 35 ans, ces œuvres témoignent à la fois de la fructueuse carrière et de l’évolution artistique de cette pionnière qui a dû mettre fin à sa pratique artistique en 1994, pour des raisons de santé.
Si l’on revoit avec plaisir et confort certaines de ses premières toiles qui font état de son profond attachement à sa terre d’adoption, l’Abitibi, on fera – ou refera – connaissance avec bonheur avec ses dernières créations où elle aborde, avec un point de vue très personnel et sans ménagement, les thèmes de l’avortement, des mines et de la toxicomanie.
Le parcours
Pour harmoniser le clivage entre certaines œuvres, parfois réalisées à plus de trente ans d’intervalle, le centre d’exposition nous propose d’aborder le travail de l’artiste par le biais de trois périodes bien distinctes. La première, Abitibi, une histoire en peinture, met en lumière le début de la colonisation; la seconde, Envolée lyrique, nous transporte dans le monde de la famille et de la musique et, enfin, Affirmation d’une liberté termine le parcours avec des œuvres socialement plus engagées.
Solidement soutenu par une abondance d’informations et regroupé sur trois bannières suspendues au centre de la salle, ce travail de mise en place des œuvres nous invite à apprivoiser autrement la pionnière, la femme et l’artiste qui n’a eu de cesse, après avoir élevé sa famille, de parfaire sa formation et de se consacrer à son art.
Un très beau catalogue fort bien documenté, dont la recherche a été réalisée par Anne-Laure Bourdelaix-Manin, docteure en histoire de l’art et coordonnatrice à la programmation au centre d’exposition, soutenue dans son travail par Sébastien Robert, complète l’exposition. Abondamment illustré, il présente de façon chronologique les étapes importantes de la vie de Ma-Reine Bérubé et établit des liens avec son oeuvre.
Une proposition de l’artiste
En 2002, deux ans avant son décès, Ma-Reine Bérubé a proposé le leg de sa collection au Centre d’exposition de Val-d’Or et à la Ville de Val-d’Or. À défaut d’espace d’entreposage offrant des conditions de conservation adéquates, tous se sont retroussé les manches pour tenter de trouver une solution originale dans le but d’honorer cette proposition. L’exposition Ma-Reine Bérubé (1919 – 2004) – Une femme plus grande que nature, assortie à la publication de ce catalogue dont la valeur certaine assurera une forme de pérennité au travail de l’artiste, s’est avérée une solution plus qu’intéressante. Au terme de sa présentation à Val-d’Or (jusqu’en 2012), l’exposition pourrait bien tenir l’affiche dans d’autres institutions muséales de la région.