Deux artistes de la région vont occuper en partie l’Écart du 18 octobre au 17 novembre prochain. Stéphanie Matte et Sylvie Crépeault vont en effet nous présenter leur plus récente production.

Parlons d’abord de Sylvie Crépeault, de Rouyn-Noranda, qui investira le Saloon des abonnés. Il s’agit d’un espace minuscule mais qui a la particularité d’être la seule salle de L’Écart à être visible de la rue. C’est une occasion unique pour l’artiste car c’est sans doute la salle la plus visible du centre d’artiste. Avec un montage photographique grand format, Sylvie Crépault continue son questionnement mélancolique sur le passé. Esprit de clocher propose une seule image : un homme, une femme, un clocher; éléments perdus et isolés dans un paysage lunaire, chacun sur son propre plan. Le clocher semble sombrer alors que l’homme et la femme vivent leur drame inaccessible sans se soucier de ce qui les entoure. Le relief du montage photographique renforce l’incommunicabilité des êtres et des objets.

Originaire de Palmarolle, Stéphanie Matte s’inspire des lieux pour nourrir sa peinture. Nous ne nous trouvons pas ici dans une démarche sur le paysage mais bien sur une interprétation de l’espace d’habitation. Bien que l’évocation du paysage soit perceptible dans la peinture de Stéphanie Matte, il s’agit plutôt d’un espace la fois intérieur et extérieur, du lieu public versus l’espace intime, en un amalgame hétérogène mais toutefois cohérent. En fait, il est question ici de collage : l’artiste passe en revue tout ce qui se rapporte au lieu choisi et en fait une image qui, sans être nécessairement narrative, raconte le lieu. Le corpus de peintures qui constitue La voie normale que nous pourrons voir dans la salle multi de L’Écart s’inspire entièrement de lieux de la région.

On ne peut que féliciter le choix du comité de programme du centre d’artistes d’avoir jumelé ces deux expositions. Sylvie Crépeault et Stéphanie Matte explorent le lieu et se servent de l’espace abitibien comme matière première. La première en questionne le passé et remet en question le présent; la seconde déambule en lui et nous livre sa collection personnelle d’un lieu choisi. Toutes deux le dissèquent, le réinterprètent et en font un objet d’art. Ce n’est pas rien.

Mentionnons en terminant que dans la grande salle, au même moment, le public pourra voir une peinture installative, Sur le mur, de Mathieu Lévesque de Montréal. Encore une œuvre sur le lieu. Il n’y a pas de hasard!


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