Le cinéaste et professeur de cinéma au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue Martin Guérin présente, le dimanche 31 octobre, son dernier opus, un moyen métrage documentaire nommé Voir Ali, au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Lorsque joint au téléphone quelques jours avant que son film soit finalisé, un enthousiasme serein l’emportait sur la nervosité qu’une telle séance de projection peut engendrer.

Si on se rappelle bien, c’est en juin 1983 que la région recevait la visite d’un géant, un monument colossal pour « euphémiser »,
inspirant personnage du monde de la boxe qui alliait le sport au militantisme social pour assener de durs coups aux fondements de l’injustice et éblouir toute une génération. Dans le cadre des Compétitions sportives québécoises, Muhammad Ali arrivait à Rouyn-Noranda devant une foule béate, pas prête à oublier cette rencontre.

En lui demandant où il se trouvait lors du passage du poids lourd, Martin Guérin lance : « J’ai onze ans, j’habite sur la rue Bolduc à Amos, et je trippe ! » Fan de Ali, il ne pourra toutefois pas faire partie de la fête : « Mon père débarque chez nous avec une affiche de Muhammad Ali et il me dit : Regarde-le comme il faut, parce que tu pourras pas le voir de plus près ! »

Faire revivre un moment symbolique


La genèse du projet remonte plutôt au milieu des années 2000, alors que le cinéaste s’arrête devant la vitrine du Centre d’archives nationales à Rouyn-Noranda pour contempler une photo de la visite d’Ali. Prenant conscience que « l’évènement avait été oublié dans la mémoire collective », Martin entame rapidement les démarches pour le faire revivre sous forme de documentaire. À la réception d’une bourse du CALQ, il se fait « aiguiller » par le regretté Guy Lemire pour savoir qui interviewer et rassemble avec l’aide précieuse de Sébastien Tessier toutes les images d’archives imaginables témoignant de l’épisode Ali.

Martin Guérin confie que toute la région a été ébranlée par le contact avec cette légende vivante. Au début des années 80, le marasme postréférendaire et le creux économique remplaçaient l’effervescence culturelle qui avait lieu à Rouyn-Noranda dans les années 70, et le temps était propice à une bonne séance de motivation. Pour le documentariste, la valeur de ce moment de l’histoire est éminemment symbolique, du fait qu’il a inspiré les gens à voir grand et a encouragé le milieu culturel à organiser des évènements à la hauteur de leurs ambitions.

Une suite logique dans le parcours du cinéaste


Dans la démarche de Martin Guérin, la volonté de réaliser Voir Ali s’inscrit de façon logique. On y retrouve l’intention de ramener en couverture des pages de l’histoire reléguée au passé, vue dans Sortir du trou, film sur le chansonnier populaire Réal V. Benoît. Plus encore, on y décèle le désir de réinterpréter un phénomène ancré dans la culture populaire, vu dans Bric à brac, moyen métrage portant sur les ventes de garage.

C’est donc avec « beaucoup de bonheur, de joie et d’excitation » que Martin Guérin attend la séance du dimanche après-midi au festival, en espérant faire redécouvrir ce mois marquant que fut juin 1983 pour toute la région.



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