Chez les femmes de la famille Dessureault-Mercier, l’engagement social s’apprend jeune et perdure longtemps. À l’occasion de son numéro de novembre portant sur l’implication citoyenne, L’Indice bohémien s’est entretenu avec la directrice de la Maison des jeunes (MDJ) Desjardins d’Amos, Kate Dessureault, dont la mère et la fille sont aussi liées à l’organisme.

Pour Kate Dessureault, qui se décrit comme une femme « teintée par la relation d’aide », son aventure avec la MDJ commence alors qu’elle a douze ans à peine. D’abord amenée à fréquenter le lieu comme usagère, elle gravite autour de l’endroit jusqu’à ses dix-huit ans avant d’y revenir plus tard comme animatrice, puis comme directrice. C’est le premier contact de sa fille avec les lieux qui a amené Monique Mercier, la mère de Kate, à s’y impliquer aussi et à œuvrer au conseil d’administration de l’organisme, où elle demeurera près de vingt-cinq ans. Il y a enfin la dernière venue, Elizabeth, la fille de Kate, tombée toute jeune dans la potion et qui commence à y faire ses quartiers, au point où elle s’implique à présent elle aussi en tant qu’administratrice jeune au sein du CA.

Voici donc le portrait d’une famille inspirante, pour qui l’engagement est une affaire de cœur. Une aventure qui bat à l’unisson avec la Maison des jeunes Desjardins d’Amos, dont la mission, plus pertinente que jamais, a décidément le vent dans les voiles.

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L’ambiance accueillante et familiale qui règne à la MDJ n’est sans doute pas étrangère au récent succès de l’endroit, dont la fréquentation n’a cessé d’augmenter dans la dernière année. De la centaine de membres jeunes qu’elle comptait dans ses anciens locaux, la nouvelle MDJ est passée à présent à plus de 700 usagers qui s’engagent dans des activités de bénévolat, participent à des sorties ou des matchs sportifs ou s’y rassemblent et passent tout simplement du temps entre eux dans un lieu qui leur appartient.

Ce sentiment d’être chez soi, les jeunes ne sont pas les seuls à le vivre. Pour la directrice, qui en a fait quasiment sa deuxième maison, l’endroit est inscrit au centre de sa vie. L’équipe de travail elle-même prend volontiers des airs de grande famille. En plus d’être le lieu où Kate a rencontré le père de ses enfants, qui y agissait en tant qu’animateur, c’est aussi au sein du personnel de l’organisme qu’elle a choisi le parrain de son fils, Michaël Bédard, surnommé Doum, dont la mort en 2020 a laissé de nombreux jeunes en deuil.

Cette épreuve, qui s’ajoutait à l’incendie des anciens locaux de l’organisme survenu deux ans plus tôt, a été une période difficile à traverser, autant pour les jeunes utilisateurs que les employés, qui ont travaillé sans relâche, les uns comme les autres, à trouver du financement pour faire renaître la maison de ses cendres.

Le défi a été relevé avec brio, si bien même que la nouvelle MDJ, rouverte en septembre 2020, a obtenu plusieurs distinctions dans le cadre des Grands Prix du design! Et c’est sous cette nouvelle forme que s’est amorcée justement la croissance fulgurante de sa fréquentation.

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Pour Kate, qui est aussi intervenante à la DPJ et formée en psychoéducation, rester à l’affut des modes chez les jeunes n’est pas une option, mais bien une nécessité professionnelle. Celle qui peut se targuer d’être Tik Tok famous, une célébrité sur cette application dont les jeunes sont friands, ne joue pourtant pas un rôle qui la dénaturerait. C’est tout naturellement qu’elle emporte l’adhésion des adolescents lorsqu’elle s’implique auprès d’eux, ce qui semble, en retour, agir sur elle comme un élixir de jeunesse.

On pourrait en dire autant de sa mère, dont l’engagement au sein du conseil d’administration s’étend sur plus de 25 ans. Avec le rajeunissement progressif du CA, la mère de Kate a toutefois décidé de laisser sa place l’année dernière, en même temps d’ailleurs que ses collègues Hélène Cossette et Carole Marcotte, qui étaient toutes trois impliquées depuis le tournant des années 2000 et qui ont noué au fil du temps une solide amitié. C’était l’occasion toute désignée pour qu’Elizabeth, la fille de Kate, y mette le pied à son tour, question que les décisions administratives ne se fassent pas sans le regard d’une femme de la famille!

Aussi variées qu’originales, les activités et animations proposées par la maison des jeunes ont pour premier souci d’intéresser la clientèle la plus large possible. Loin de se confiner aux seules activités sportives, la MDJ fait aussi bien dans les activités de bénévolats que les ateliers de confections de muffins en passant par les exercices d’initiation au yoga, les tournois de jeux vidéo, les marathons de films, les séances de peinture sur les roches (livrées ensuite à la population, pour égayer leur quotidien pandémique), sans oublier bien entendu la prévention sur les médias sociaux.

Au centre de la mission de la MDJ figure, surtout, l’envie d’inculquer aux jeunes, autant qu’à leurs parents d’ailleurs, le goût de l’implication citoyenne. À l’exemple justement des femmes de la famille Dessureault, les Amossois y sont invités à nouer des liens entre adolescents et parents. Dans ce lieu privilégié, qui s’efforce de créer un contexte d’égalité intergénérationnelle, se cultive dès le plus jeune âge le goût de l’engagement social. C’est là, plus que jamais, que s’enracine le désir de prendre part à son milieu et que se façonnent les acteurs sociaux du monde de demain.


Auteur/trice

Originaire de Rouyn-Noranda, Jean-Lou David est rédacteur professionnel pour plusieurs organismes régionaux. Diplômé en littérature, il se passionne pour l'histoire, particulièrement celle de notre région, mais aussi pour l'histoire religieuse et celle des peuples autochtones canadiens. Il est également apprenti écrivain. Lauréat du Prix du Jeune Écrivain 2020 et du Prix littéraire de l'Abitibi-Témiscamingue 2021, il a figuré sur la liste préliminaire du Prix de la création Radio-Canada Poésie en 2021.