Cest à l’âge de 22 ans que lauteur rouynorandien Antoine Charbonneau-Demers écrit Coco, son premier roman, gagnant du Prix Robert-Cliche. Depuis, il a publié Good BoyDaddyle roman jeunesse Baby Boy, ainsi quune nouvelle intituléLa femme à refaire le mondeIl est également lauréat du Prix du roman gay pour ladaptation française de Good Boy, parue récemment chez Arthaud. Diplômé du programme de création littéraire de lUQAM ainsi quen jeu au Conservatoire dart dramatique de Montréal, Antoine prépare actuellement une performance multidisciplinaire qui sera présentée par l’Écart en février. 

 

Bien quil ne sache pas encore exactement quel sera le résultat final de sa recherche, Antoine est présentement plongé dans une résidence de création très personnelle. Pour lui, cest une façon de transposer la littérature dans lespace, de préciser ce quil veut dire à travers ses livres. Il aborde dailleurs l’écriture comme de la performance : « Mes livres sont une façon de me commettre. Le protagoniste, c’est moi. Ce n’est pas un personnage. » 

 

Même si au départ, ses œuvres mélangeaient le réel et la fiction, la démarche artistique dAntoine est plutôt devenue une recherche de vérité. « Ce que j’écris, ce ne sont pas des idées. C’est un cri du cœur. Je veux qu’on y croie. Je pensais être plus accepté par le milieu littéraire en écrivant de la fiction, en prouvant aux autres que j’avais fait un travail colossal. Mais au final, je m’en veux d’avoir menti. C’est dans la mise à nu que je me sens le mieux. Mes livres, c’est ma façon d’être 100% honnête. » 

 

La toile La femme à la cravatedu peintre Modigliani, est au centre de sa prochaine créationLobjectif est de la reproduire à linfini. Pour Antoine, cette toile représente le pont entre la vérité, limaginaire et la famille. Elle symbolise également la maladie, thème prisé par lauteur. « La toile que je vais reproduire est en fait déjà une reproduction. Mais pour moi, c’est l’originale. C’est un cadeau de mariage que mes parents ont reçu, mais je l’ai toujours détestée. Au fond, cette peinture est inoffensive, jusqu’à ce que je lui donne de l’importance, et ça fait boule de neige. Je cherche la précision à travers la reproduction. » 

 

Quand il a vu lappel de résidence, le jeune artiste a sauté sur loccasion. Performer dans sa région natale, devant ses proches, est pour lui quelque chose de précieux, de symbolique. « On perçoit souvent le fait de présenter devant sa famille et ses amis comme quelque chose de négatif, mais pas pour moi. Ce que j’ai écrit s’adresse à eux, ça me touche qu’ils soient là. Tout ce que je veux, au fond, c’est qu’on me prenne dans ses bras. Même si, en ce moment, on ne le peut pas. » 

 

La performance d’Antoine Charbonneau-Demers aura lieu le 25février. 


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