Partout en Abitibi-Témiscamingue naissent et grandissent des mouvements pour la cause environnementale. Certains ont des revendications précises, comme la Coalition Anti-Pipeline, qui s’oppose au passage de GNL Québec dans la région. D’autres, comme les EnVERTdeurs de Ville-Marie, ont des objectifs plus généraux d’action communautaire et de promotion d’un environnement sain. Malgré ces divergences dans leurs motivations, tous ont le sentiment qu’il est urgent de se mobiliser.

L’Indice bohémien a rencontré cinq militants pour comprendre l’émergence des groupes environnementaux dans la région :

  • Adèle Beauregard, conseillère municipale à Ville-Marie, est instigatrice du mouvement Les EnVERTdeurs, qui vise à créer un meilleur environnement et à sensibiliser les citoyens sur la décroissance, les bonnes habitudes de consommation, l’épuisement des ressources naturelles, etc.
  • Adeline Laquerre, impliquée notamment dans La planète s’invite au parlement (LPSP), mouvement à l’origine des manifestations du 27 septembre 2019 au Québec.
  • François Gagné, porte-parole de la Coalition anti-pipeline (CAP-RN), qui s’oppose au passage du pipeline de GNL Québec en Abitibi-Témiscamingue et dans la province.
  • Johanne Alarie, également membre d’une multitude de comités, entre autres du comité ARET pour amener le gouvernement à prendre des mesures contre les émissions toxiques de la fonderie Horne.
  • Olivier Gauthier, militant pour Extinction Rébellion (XR)Abitibi-Témiscamingue, un groupe qui prône la désobéissance civile comme moyen d’action auprès des gouvernements.

PASSER A L’ACTION POUR L’ENVIRONNEMENT

Le premier constat possible sur le militantisme environnemental abitibien repose sur l’originalité et la variété des actions. Cette diversité permet de rejoindre un grand pan de la population et d’atteindre des objectifs sur plusieurs niveaux. Adèle explique par exemple que les EnVERTdeurs ont mené certaines actions auprès du conseil de Ville-Marie pour faire adopter une politique verte, en plus d’organiser la projection d’un documentaire abordant les enjeux environnementaux. Du côté de CAP–RN, on s’assure également d’avoir une présence soutenue dans les conseils de ville de la région. On a aussi monté une chorale ludique pour accroître sa visibilité et transmettre son message. Comme quoi l’humour peut être un outil politique! Dans la même veine, XR a organisé une remise de « Prix Patate » au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue pour souligner l’inaction des dirigeants devant certains enjeux.

Comme le souligne Johanne, il y a un équilibre à aller chercher entre les types d’actions. Les groupes sont en communication constante pour s’assurer qu’il y ait une gradation et une diversité de tactiques. Il s’est par ailleurs installé un respect mutuel entre eux. Souvent, les militants s’entraident à travers les différents comités.

Mais qu’est-ce qui pousse ces militants à s’organiser pour faire entendre leur voix? Pour Olivier, il s’agit de la seule chose logique dans la situation actuelle. Il pense d’ailleurs que certains moyens comme les pétitions ont atteint leur limite. Si des gens estiment que la désobéissance civile est radicale, il soutient qu’elle est nécessaire puisque la situation environnementale, elle, est catastrophique. Adèle de son côté, tente de créer un mouvement qui réunit la communauté autour d’un objectif commun. François, lui, souligne que « ce que les groupes environnementaux réussissent à faire, c’est de montrer que, quand on se met ensemble, on peut changer les choses ». S’ils font tous don de leur temps et de leur énergie pour une cause qui dépasse leur intérêt personnel, ils semblent également retirer une certaine satisfaction de leur implication. « Il y a un principe qui est fondamental : si tu veux garder ton bassin de militants, il faut que tu aies du fun », dit Adeline. 

Chose certaine, si les groupes citoyens témiscabitibiens font preuve d’une grande capacité d’organisation, d’originalité et de combativité, ils demeurent à la recherche de nouveaux membres pour garnir leurs rangs. Nul besoin d’être un expert pour se joindre à leur cause. Il suffit d’avoir à cœur l’environnement et de vouloir changer les choses.