Au moment de former le groupe original La Chicane, Boom Desjardins vivait à fond la sa vingtaine. Les membres ont maintenant presque le double de l’âge du qu’ils avaient au début, mais Dany Bédard, Martin Bédard, Éric Maheu et Yanik Boivin ont quand même répondu présents à l’idée folle de ramener le band groupe sur les scènes, pour renouer avec le public et oublier les querelles du passé.

Plus de 10 ans se sont écoulés depuis la dissolution officielle du groupe qui a vu le jour à Val-d’Or. Certains membres s’étaient même perdus de vue, d’autres ont carrément tourné le dos à leur carrière musicale pour se lancer dans d’autres activités et ajouter aussi quelques enfants dans leurs vies respectives.

« J’ai appelé tout le monde… Éric a un resto, Le Mouton noir dans les Laurentides, Martin, le batteur, a une entreprise d’entretien commercial et moi j’ai arrêté deux fois pour des sabbatiques et j’ai aussi passé trois ans dans la construction au Plateau Sabourin à Val-d’Or. J’ai tenté ma chance et je peux dire que c’est une belle run… et que ça se passe encore mieux qu’on pouvait imaginer », a confié Boom Desjardins à

L’Indice bohémien.

Depuis les retrouvailles, le groupe a livré plus d’une trentaine de spectacles jusqu’ici et l’engouement s’est fait sentir partout sur le passage depuis l’été 2017.

« C’est comme si la francophonie s’était réveillée. J’ai parcouru 21 000 km en Winnebago l’été passé, avec les enfants qui venaient me rejoindre quand ça adonnait. Je vais avoir 47 ans et je peux dire que ça a été un des plus beaux étés de ma vie. Les gens avaient le goût de revivre La Chicane autant que nous autres », en concluconclut Boom Desjardins.

Remonter sur scène avec La Chicane ramène tout un lot de souvenirs pour chacun des membres qui ont changé puisqu’ils composent avec de nouvelles responsabilités. Cela dit, le plaisir de jouer et de chanter a été vite retrouvé.

« C’est le fun de retrouver Dany. Ça faisait 10 ans qu’on n’avait pas fait de show ensemble », avoue aussi Boom Desjardins.

En repassant en revue les grands titres qui ont traversé le temps. Tu me manques et Calvaire, entre autres, Boum Desjardins ne peut pas écarter non plus ce qu’il doit à Martin Bédard, le frère de Dany, celui qui a donné l’enrobage à ces chansons phare du groupe.

« Martin était encore à Val-d’Or quand on était à Montréal… Il est descendu nous rejoindre sur le pouce avec son drum. Juste ça… c’est une anecdote en soi! Quand il est arrivé, on avait déjà des chansons, alors on lui a dit, “Tiens, mets-nous du drum là-dessus”. La passe de drum dans Calvaire a vraiment changé l’allure de la toune et y’a que lui pour la jouer comme ça. »

Bientôt un documentaire

En revisitant les succès du groupe, Boum Desjardins caresse déjà un nouveau projet. Non pas de lancer une série d’albums, mais plutôt de produire un documentaire sur le groupe. Au cours de l’été 2018, il faudra donc s’attendre à le revoir, lui et les membres du groupe, dans les alentours du lac Blouin, près de Val-d’Or.

« J’ai été élevé devant la rivière Harricana. On est des gens de régions et si on fait un documentaire, c’est clair qu’il va partir de l’Abitibi. C’est d’où on vient, c’est comment on est. On se préoccupe des autres, ce sont des valeurs qu’on voulait véhiculer », insiste le chanteur.

Selon lui, la réalité de vivre loin de tout fait aussi partie de ce que l’on est et forge également les valeurs d’entraide et nos rapports aux autres.

« Si on manquait de lait, on allait chez le voisin parce que y’avait pas de dépanneur. Mon père partait pour aller travailler à 4 h du matin et déblayait le chemin l’hiver avec son 4×4. Il disait souvent : “si je ne me lève pas le matin, y’en a d’autres qui pourront pas aller travailler”.

C’était comme ça quand on vivait près du lac Blouin. »

Boum Desjardins se souvient que les textes de ses chansons ont parfois été critiqués, notamment pour le joual ou pour la langue qui n’était pas toujours parfaitement française.

« Moi, j’ai toujours voulu dire les choses au premier degré parce que j’ai l’impression que c’est comme ça que les gens nous comprennent. C’est ça qui est reconnu pour un certain joual, une manière de parler, transformer les mots », assume complètement celui qui a aujourd’hui les tempes un peu plus grises, mais les yeux toujours aussi bleus et vifs.

Exergue :

« J’ai été élevé devant la rivière Harricana. On est des gens de régions et si on fait un documentaire c’est clair qu’il va partir de l’Abitibi. »


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.