Au front, marxistes-léninistes, écologistes, capitalistes et conservateurs s’opposent dans de grandes batailles idéologiques. Puis, à l’arrière-plan évoluent des femmes et des hommes et, derrière eux, des fillettes et des garçons. Louise Desjardins, dans son roman Le Fils du Che, s’intéresse à ce côté moins public, plus personnel et familial du militantisme.

D’un côté, Alex, un jeune adolescent de quatorze ans, s’isole dans son jeu vidéo Pacman pour oublier le profond malaise que lui occasionne l’absence de son père. De l’autre, sa mère, Angèle, éternelle étudiante et célibataire, fait passer les hommes et les études en sciences politiques avant le bon développement de son fils. Et puis, entre les deux, Miguel, père biologique et inavoué d’Alex, essaie désespérément d’établir les premiers liens avec celui-ci, alors que sa fille vient de décéder.

Avec sa plume épurée, d’une fluidité et d’une efficacité remarquables, Desjardins aborde, par le biais de ces trois personnages qui tentent tant bien que mal de trouver leur place dans une famille fragmentée, les thèmes des relations parents/enfants, de la révolution, du militantisme et de l’utopie. Elle met en scène des personnages frappants, à la personnalité atypique, pour servir une critique sociale tout à fait pertinente : « Une odeur d’enfance lui arrive alors, tendre et dure comme son père, comme sa mère, ces militants de la première heure, plus généreux envers la cause qu’envers les leurs, se permettant toutes les libertés sous prétexte que la révolution permet tout, l’échangisme, l’adultère, l’abandon d’enfants. » Avec Le Fils du Che, Desjardins nous offre un plaisir littéraire et intellectuel évident; il n’en tient qu’au lecteur de se l’approprier.


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