Dans quelques jours, nous aurons tous à voter pour nos maires et conseillers. Élections après élections, malheureusement, les taux de participation aux municipales restent trop bas. Honteusement bas.  Il est plus facile, plus « cool » peut-être de voter à Star Académie ou à Un air de famille. Pour ça, on a le goût.

La Commission Charbonneau, je l’espère, aura cela de bon : nous amener à nous intéresser plus à la gestion de nos villes. Non, les élus municipaux ne sont pas tous des voleurs, des corrompus, des amis du crime organisé. Pour un Zampino aux habitudes suspectes, un Tremblay qui ne voyait rien ou un maire de Laval qui dirigeait sa ville comme Napoléon, il y a des centaines d’hommes et de femmes qui donnent le meilleur de leur temps et de leur énergie pour améliorer la qualité de vie de leurs concitoyens. Avec conviction, rigueur et honnêteté. Tâche énorme, utile et énergisante, mais tâche souvent ingrate, tellement le manque de considération, le « je-me-moi » et le « pas dans ma cour » sont devenus des réflexes de citoyens, devenus de simples payeurs de taxes. Tout comme les généralisations grossières aussi : « Tous des pourris !». Trop facile, mais ça déculpabilise d’annuler son vote ou de rester chez soi.

À Val-d’Or, nous avons enfin une course intéressante. Cette campagne me plaiît. Trois candidats reconnus et solides qui, tous, placent le centre-ville, la 3e avenue, tout en haut de leurs priorités. Il était temps.

J’ai déjà écrit, voilà presque deux ans, qu’à mon arrivée à Val-d’Or, j’étais tombé « en amour » avec la 3e avenue et le centre-ville. Difficile à dire pourquoi. Ça restera toujours l’âme de ma ville, ce qui lui donne ce quelque chose d’unique. On y marche, y magasine, y mange, tout ça à pied. Les gens s’y retrouvaient. Comme à Rouyn-Noranda, avec la Gamble, la Principale et la Perreault. Voilà l’âme de Rouyn. Même chose à Amos et La Sarre : l’âme est au centre-ville.

Mais depuis quelques années, avec l’économie qui tournait à plein régime, on a vu les choses changer. On a repris, à plus petite échelle, le modèle de Montréal. Val-d’Or et Rouyn ont maintenant leurs banlieues. C’est Sullivan et Val-Senneville, c’est Évain et Granada. On a aussi maintenant nos power centre, nos petits 10/30, avec les grandes surfaces. C’est la sortie ouest, près du centre d’achats, c’est le Boulevard Rideau et le projet Senator. Comme à Montréal, jumelez le tout, et vous vous retrouvez avec une ville qui se vit en voiture, devenue comme un isoloir. La ville s’étend, s’allonge, s’étire. Elle ne se marche plus, elle se compartimente.

C’est pour cela que j’applaudis les idées des candidats à la mairie de Val-d’Or notamment : embellir le centre-ville, développer du logement abordable, parce qu’il faut bien l’habiter, créer une ambiance pour les promeneurs.

Redonner une âme à nos villes, c’est donner le goûut aux gens de s’y promener, d’y flâner, de s’y arrêter pour prendre un verre. On ne peut faire ça entre un Wal-Mart et un méga-Canadian Tire…


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.