En février 2011, L’Indice bohémien consacrait sa page couverture à Jocelyne Saucier, qui venait de terminer l’écriture de son quatrième roman, Il pleuvait des oiseaux. Si tous attendaient avec impatience ce nouvel ouvrage, personne ne pouvait soupçonner le formidable succès qui attendait l’écrivaine et son dernier-né.

 

Quinze mois plus tard, c’est au retour de Copenhague qu’on l’attrape au vol, juste avant qu’elle ne reparte vers Québec, puis la Roumanie et la Grèce. Pourquoi le Danemark? Elle précise : « On n’a pas idée de ce que représente la francophonie, ça regroupe 220 millions d’habitants, dans 75 pays. Au Danemark, j’étais l’invitée de l’Ambassade du Burkina Faso qui célébrait, avec une douzaine d’ambassades de pays francophones, la Journée internationale de la francophonie. Le lauréat du Prix des cinq continents y est toujours invité d’office ».  

Les distinctions s’accumulent

L’engouement du public et des critiques pour son quatrième roman ne se dément pas. Après le très prestigieux Prix des cinq continents de la Francophonie, voilà qu’on lui décerne coup sur coup le Prix des collégiens (décerné par 600 étudiants des 48 cégeps du Québec) et le Prix des lecteurs de Radio-Canada, autant de distinctions très convoitées dans le milieu littéraire et qui lui ont valu plusieurs présences dans les médias nationaux. Enchantée de recevoir ces marques d’appréciation, on l’entendra dire : « Les prix décernés par les lecteurs, ça vient directement du cœur, c’est pour cela qu’ils sont si importants pour les écrivains ». Elle est également finaliste pour le Prix France-Québec, qui sera remis l’année prochaine.

En plus du Salon du livre de Paris, on la retrouve aux salons de Montréal, de Québec, de l’Outaouais, de Sudbury et de Rouyn-Noranda, dont elle assumera la présidence d’honneur à la fin du mois de mai. Il pleuvait des oiseaux sera traduit en anglais et en suédois, alors que 15 000 exemplaires en français ont déjà trouvé preneurs et qu’on a dû réimprimer La vie comme une image, que les lecteurs réclamaient.

Au cours de l’hiver, elle a participé à divers événements au Sénégal, à Haïti et en France, en compagnie de grands noms de la littérature francophone, comme Dany Laferrière et Rodney Saint-Éloi (Haïti), Boubacar Boris Diop, un écrivain sénégalais dont on dit qu’il est le plus « nobélisable », ainsi que Souleymane Bachir Diagne, un philosophe qui est considéré comme l’un des cinquante penseurs les plus influents de ce monde. Autant de rencontres exceptionnelles qui l’ont marquée et qui lui font dire, avec l’humilité qui la caractérise : « Je vais d’étonnement en étonnement tout le temps, devant tout ce qui m’arrive avec ce livre ».

La soif d’apprendre des jeunes Sénégalais

Son séjour au Sénégal reste un moment fort de ce périple à travers la Francophonie. « Le but de cette tournée sénégalaise était de faire la promotion de la lecture auprès des étudiants. Nous sommes allés dans plusieurs lycées, des plus pauvres aux plus riches, à Dakar et dans quelques villes à l’intérieur du pays. Les lycéens avaient tous lu mon livre et c’était étonnant de voir l’aisance avec laquelle ils abordaient certains thèmes que j’y aborde. Curieusement, ils n’ont posé aucune question sur ce grand et froid pays qu’est le Nord. Ils s’intéressaient plutôt au sens des choses, ils avaient des questionnements d’ordre philosophique, sur la liberté principalement, et sur le sort qui est réservé aux personnes âgées en Occident, ils trouvent qu’on les traite plutôt mal. En Afrique, les vieilles personnes sont vénérées, elles ont un rôle social, on fait appel à un système de valeurs très différent du nôtre ».

Elle renchérit : « Au Sénégal, je me souviens d’une rencontre dans un lycée où nous attendaient une centaine de jeunes, où j’ai eu la surprise d’entendre une jeune fille réciter de mémoire une page entière de mon livre, ça m’a impressionnée et profondément émue! Après cette rencontre, j’ai été invitée à dédicacer quelques exemplaires de mon livre, les pages étaient usées et toutes grises tant les livres avaient circulé de mains en mains. Le livre est rare et précieux là-bas. Ces rencontres dans ce pays d’Afrique m’ont particulièrement touchée parce qu’il y a eu un vrai échange et que j’y ai trouvé une grande soif d’apprendre ».

Revenir chez soi pour écrire

Si la romancière est visiblement ravie de tout ce qui lui arrive, on la sent néanmoins très heureuse de retrouver pour quelques jours le calme de son village de Cléricy. Et on la croit quand elle dit : « J’apprécie énormément tout ce qui m’arrive, mais j’ai hâte de revenir à ma vie, j’ai hâte de revenir à l’écriture, j’ai un roman qui m’attend depuis un an, j’aime écrire et, vraiment, ça me manque ».

Dany Laferrière lui a dit que pour écrire un roman, il faut pouvoir s’installer dans le temps, le confort et la durée, toutes choses que la romancière souhaite retrouver très bientôt pour donner vie à ce nouveau livre en gestation. On le lui souhaite de tout cœur et on a vraiment très hâte de la lire!


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