Plusieurs enfants de Rouyn-Noranda et quelques-uns de la région iront s’émerveiller devant le grand écran lors du 28e Festival international du cinéma en Abitibi-Témiscamingue (FCIAT). Quelle belle porte d’entrée, vers l’imaginaire, le monde, autrui, l’art et la culture que leur offre là le festival! Ce sont précisément de telles expériences qui les feront revenir à la maison le cœur plein de souvenirs et le désir d’aller assister à un « vrai » bloc de représentations cinématographiques, un bloc pour les grands. Ce n’est pas seulement des matinées-jeunesse que propose le festival mais c’est aussi une jolie façon de créer de la relève pour ses festivaliers, une création de clientèle connaisseuse et désireuse d’en voir plus. Malheureusement, les tout-petits sont trop souvent oubliés, trop souvent mis de côté au profit de leurs parents.

Il existe peu, sinon aucun, de festivals en région qui offrent une place de roi aux enfants. Aucun festival qui se targue d’exister pour les petits, comme c’est le cas par exemple du Carrousel du film de Rimouski (un festival de films pour jeune public) ou encore le Festival international du film pour enfants de Montréal, n’a encore élu domicile dans notre belle région. Évidemment, on leur consacre régulièrement une journée, comme l’a fait le FME cet été avec le spectacle de Madame Moustache ou d’un avant-midi comme en fait foi la programmation du FCIAT, ce qui est dans chacun des cas une réussite et un événement prisé par plusieurs. À l’ère de la conciliation travail-famille, des médias qui nous demandent pourquoi nous faisons des enfants, du mini-baby boom, qu’en est-il de la conciliation culture-famille?

Plusieurs des festivaliers de la première heure du FME ont désormais succombé à l’appel de la parentalité. Ces derniers qui prenaient congé pour danser au son de la musique émergente se voient maintenant placés devant un dilemme : Comment tout voir sans perdre de vue ses ouailles? car apporter un bambin lors des soirées musicales du début septembre se voit souvent impossible. S’il est parfois possible de le faire avec un bébé ou un jeune enfant, il en est souvent tout autrement avec une petite tornade sur deux pattes. Alors que devraient faire les parents? se sustenter d’une nouvelle vie remplie de terrains de jeu et de jeux gonflables? Participer en célibataire aux événements; papa aura ainsi sa soirée et maman la sienne? Et s’ils les amenaient avec eux?

(ST)Entre Bambi et Cyrano

Enfant, ma mère (j’imagine que mon père le faisait aussi, mes souvenirs se résument à ce que ma mère faisait en ce sens) m’amenait partout avec elle. J’ai rapidement compris qu’il n’y avait pas de jus pour moi dans les vernissages et que je ne devais toucher à rien. Par contre, j’ai été rapidement initiée à plusieurs formes d’art et aux artistes derrières celles-ci. Ces diverses expériences m’auront permis de me créer un sens critique qui m’est propre, me permettant de m’ouvrir l’esprit et m’offrant de me former ma propre opinion; des caractéristiques qui me servent en tout temps aujourd’hui. Ces contacts hâtifs avec les arts visuels font qu’aujourd’hui je ne crains pas d’entrer dans une salle d’exposition ou un musée puisqu’ils m’ont été offerts très tôt, ce qui est bien loin de la réalité de nombreux « jeunes » de mon âge, puisque plusieurs d’entre eux considèrent les salles d’exposition comme des antres réservés aux érudits.

Bien que nous allions parfois voir des films pour enfant, je me revois encore à huit ans devant Gérard Depardieu qui récitait des vers de douze pieds (moi qui ne connaissais que le système métrique!!!) avec son grand nez et son accent d’outre-atlantique. Ce contact avec le cinéma français m’aura fait par la suite apprécier les soirées de projection du FCIAT, le cinéma d’auteurs et le cinéma étranger et auront fait de moi la cinéphile que je suis aujourd’hui. Voilà pourquoi, j’en remercie aujourd’hui ma maman, même si à l’époque je trouvais de joie que dans le pop-corn qui se trouvait sur mes cuisses.

L’industrie culturelle pour enfants est florissante au Québec, elle est aussi fort convoitée; il n’y a qu’à voir le nombre de jeunes qui assistent aux représentations des Arthur l’Aventurier ou Sonia Yaya de ce monde pour le constater. Si les petits s’y plaisent, peut-on pour autant dire qu’ils y découvrent la culture? Sûrement, mais les parents eux, y trouvent-ils leur compte?

Quel bonheur ce fut cet été de voir un stationnement de poussettes improvisé par les festivaliers du FRIMAT! S’il en va de soi qu’il est plus facile d’amener sa progéniture à un spectacle qui se donne sous un chapiteau plutôt que dans une salle de spectacle, il a quand même fallu à ces parents une certaine organisation afin de répondre aux besoins de tous. Pourtant, ces derniers ont osés l’expérience de la culture en famille. Alors, si les parents peuvent trimballer leur marmaille dans les événements, les organisations pourraient elles aussi tenter de les accommoder en agrémentant leur programmation de plus d’une activité jeunesse, en offrant des services de garde sur place ou en réservant des sections aux jeunes publics. Pour ce faire, il nous faudra aussi, à nous public, accepter qu’un enfant ça peut dire haut et fort qu’il trouve ça plate en plein milieu d’un spectacle, de le voir se dégourdir les jambes et rigoler, parce qu’un enfant qui découvre la culture s’ouvre à un monde beaucoup plus grand que nature et c’est l’un des plus beaux cadeaux que nous pouvons lui offrir.

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Puisqu’il est question de progéniture, souhaitons la bienvenue en ce monde au premier bébé bohémien, la jolie Constance, fille du coordonnateur du journal culturel qui a vu le jour le mois dernier. Souhaitons-lui de pouvoir s’épanouir pleinement, ici auprès des siens. Et souhaitons aussi un peu de repos aux parents de ce nouveau poupon!


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