En guise d’introduction

Certains seront surpris de me voir là, mais ceux qui connaissent mon attachement au milieu culturel de l’Abitibi-Témiscamingue savent combien le mandat de ce journal me tient à cœur. C’est donc un honneur pour moi d’occuper le poste de rédactrice en chef de l’Indice bohémien. J’espère continuer à faire de ce journal un outil de développement qui trouve sa résonnance dans tous les milieux et qui soit aussi au service de la vie culturelle qui bouillonne chez nous!

À l’heure de la rentrée scolaire et de la reprise des nombreuses activités qui viennent avec, nombreuses sont les organisations qui se préoccupent de développer un volet destiné au jeune public. Que ce soit lors des Journées de la culture, dans les volets éducatifs des centres d’exposition ou encore dans la programmation d’un diffuseur, on voit de plus en plus d’offres culturelles destinées aux enfants. En tant qu’artiste mais surtout en tant que maman, je tiens à témoigner toute ma gratitude à ces organisateurs visionnaires.

 

La première fois que j’ai amené mon garçon de 3 ans voir un spectacle de cirque théâtral au Théâtre du cuivre, les acrobates ont  littéralement envoûté mon fils qui, debout sur sa chaise, les bras en l’air, imitait le moindre de leurs gestes sans même se rendre compte que tous les parents autour le regardaient en riant. La magie du spectacle avait fait son œuvre et c’était beau à voir. En tant qu’adulte, je me demandais si je ne devais pas le faire asseoir sagement, mais après réflexion, je me suis dis que les artistes travaillaient sans doute très fort pour susciter l’émerveillement chez leur jeune public et que je ne devais pas interférer dans l’alchimie. S’ils cherchent à faire surgir l’émotion, ce n’est pas à moi de la faire taire! Sinon, à quoi bon aller au théâtre?

 

Initier les enfants à l’art est à mon avis aussi important que de leur apprendre à bien manger, à se laver les mains, à agir en harmonie avec les autres. Lorsqu’un enfant dessine, chante ou danse, c’est tout un monde qui s’ouvre à lui, et par conséquent à nous, les adultes qui évoluons à ses côtés. On peut déceler bien des choses à travers ces canaux de communications que sont les différentes formes d’art : la confiance en soi, les peurs, les préoccupations, sa place dans la famille.

 

Les enfants n’ont pas les mêmes préjugés que les adultes face aux différentes formes d’art. Leur spontanéité leur donne accès à la magie, qui malheureusement se perd parfois en route vers la vie adulte. Les milieux sociaux dictent souvent des codes féroces et réducteurs : « ne dépasse pas quand tu dessines », « l’opéra c’est plate » ou encore « le théâtre c’est trop intellectuel ». Il peut être étonnant de voir à quel point l’opinion d’un adulte va influencer celle d’un enfant et parfois, briser le petit fil magique et invisible qui se tisse entre l’œuvre et l’enfant.

Il est important de multiplier les façons de mettre un enfant en contact avec la création. Il y a plein de façons simples d’y arriver. Mon grand désarroi est de voir souvent mes enfants revenir de la garderie avec des coloriages inintéressants à l’imagerie quelconque. Il me semble que ce ne serait pas sorcier de les laisser s’exprimer sur du papier vierge plutôt que de réduire la moindre manifestation de leur créativité à un coco de Pâques préfabriqué ou un Père Noël commercial.

Bien sûr, tous les enfants ne deviendront pas des artistes. Mais tous les humains gagnent à être plus créatifs, parce que l’art, qu’on l’approche en spectateur ou en créateur, a ceci de particulier : il ouvre l’esprit à différentes perceptions du monde. Il incite à inventer sa propre vision, à solutionner les problèmes, il aiguise l’esprit critique, il brise parfois les carcans. Il s’adresse à la fois au cœur et à l’intelligence des êtres. Qu’on soit architecte, menuisier, programmeur ou médecin, avoir l’esprit plus ouvert permet de développer sa propre expertise et son intuition, peu importe le domaine où on l’exerce. Il fallait de la créativité pour inventer l’ampoule électrique, il en faudra encore pour faire face à tous les défis du présent et de l’avenir.


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