Ahhhh ! Le plaisir de circuler en voiture sans effluves d’essence, sans bruit, sans émissions de gaz à effets de serre, dans une ville aux cent bornes… électriques ! Vous souhaitez que le rôle des villes dans la réduction de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre (GES) soit plus actif ? L’électrification des transports est présente dans presque tous les discours récents qui traitent de la réduction des GES, et le Québec n’y échappe pas.
Selon une étude de l’ONU-Habitat, les villes ont un impact prépondérant dans l’émission des GES. Elles sont à l’origine de 70 % des émissions de GES, et ce, bien qu’elles n’occupent que 2 % des terres et rassemblent 54 % de la population. Au Québec, près de 60 % des GES proviennent des secteurs du transport (45 %), des bâtiments (10 %) et des matières résiduelles (5 %), trois secteurs sur lesquels les municipalités peuvent jouer un rôle de leader dans la réduction des GES.
Considérant que 89 % des Canadiens parcourent 60 km et moins aller-retour pour se rendre au travail quotidiennement, le choix d’une voiture électrique est une option tout à fait viable, même ici en région. L’installation de bornes de recharge rapide, publiques ou privées, peut être mise en œuvre rapidement, à condition que la volonté politique y soit, et que les différents paliers de gouvernement offrent des incitatifs en ce sens. Chaque voiture électrique qui remplace une voiture conventionnelle à émission de carbone permet une économie de 3 à 5 tonnes de GES par année.
Par ailleurs, la disponibilité de plusieurs bornes de recharge pour les véhicules électriques peut s’avérer grandement attrayante pour certains touristes de passage et certaines familles à la recherche de villes plus vertes pour s’y établir. Par conséquent, travailler à construire l’avenir de façon positive et durable peut être à la fois très bénéfique et très motivant pour les élus.
Pour réduire davantage l’empreinte écologique de leur municipalité, les dirigeants municipaux peuvent envisager l’électrification des transports en tant qu’une des nombreuses solutions visant à réduire les émissions de GES sans pour autant négliger d’autres pistes de solution, telles que l’implantation d’une usine de biométhanisation des matières organiques ainsi que l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments.
Pour plusieurs villes disposant ou partageant un réseau de transport collectif, l’électrification des équipements est envisageable pour réduire la dépendance au pétrole, réduire les GES ainsi que les frais d’entretien des véhicules électriques. Pour les élus, il s’agit d’une solution plus écologique pour un avenir plus durable.
Pour sortir du pétrole, électrifier les transports n’est pas seulement une bonne idée : c’est d’abord pour plusieurs décideurs une solution réaliste et essentielle pour la qualité de l’air des citoyens et la réduction de l’empreinte carbone municipale dans un contexte de marché et de bourse du carbone qui s’amène rapidement à l’horizon. Cela traduit une vision à long terme du développement, qui se préoccupe non seulement des enjeux immédiats, mais également de ceux qui concerneront nos enfants et petits-enfants.
Pour conclure, il serait fort intéressant que les gouvernements fédéral et provincial établissent un palmarès des villes québécoises à faible empreinte carbone, palmarès qui pourrait comporter certains incitatifs financiers pour les municipalités qui mettent en œuvre des politiques agressives de réduction des GES, et certaines pénalités pour celles qui sont paresseuses à ce niveau. Différentes solutions méritent d’être explorées. Comme le mentionne Joan Clos, directeur général de l’ONU-Habitat, si « les villes sont responsables de la majorité de nos émissions de gaz à effet de serre, elles sont aussi les lieux où le plus d’efforts peuvent être faits ». Sommes-nous prêts à poursuivre les efforts nécessaires ? C’est à nous, citoyens, d’interpeller et de guider nos élus à prendre les décisions qui s’imposent pour l’avenir. \
Avril 2016