Être en région, c’est souvent prendre la décision de faire ses bagages, prendre la voiture, et faire plusieurs centaines de kilomètres pour aller voir un concert à Montréal, Québec ou encore Ottawa. Ici, nous sommes choyés niveau divertissement culturel musical. Des spectacles en Abitibi-Témiscamingue, il y en a, et pas qu’un peu ! Cependant, pour voir de gros spectacles d’artistes de renommée mondiale, il faut bouger, loin. Heureusement pour nous, une fois par année, Osisko en lumière gère la situation !
En août se déroulait le populaire festival Osisko en lumière à Rouyn-Noranda. Vendredi soir, programmation pop-punk rock. Lubik, Galaxie, The Offspring. En guise de mise en contexte, je ne dirai qu’une seule chose. Ma première cassette (oui, cassette), achetée avec mon argent de poche, c’est Smash, de The Offspring.
Rencontre avec « Noodle »
Chic type, très relaxe, bière à la main, sourire aux lèvres, Kevin « Noodle » me reçoit jovialement dans sa loge où il s’installe sur un divan, tranquille. L’ambiance détendue me plait, surtout que je ne veux pas lui demander ce qu’il fait ici, s’il prévoit faire un nouvel album ou encore si il tourne ailleurs au Québec. Ce n’est pas ce qui m’intéresse, ni vous d’ailleurs. Enfin, je crois ! Quelque salutations d’usage sur un ton décontracté et je me lance dans mes quelque questions. L’entrevue sera concise, ils sont sollicités, ces garçons ! Dix minutes top chrono, c’est parti !
IB: Kevin, Noodle ?
Noodle: Va pour Noodle. (Dit-il, en anglais que je traduis pour votre bonheur, et les subventions, hum.)
IB: Tu es né à Los Angeles, tu as joué dans les plus grands stades, partout autour du globe. Qu’est-ce que ça fait, pour des rockstars comme vous quatre, de jouer dans une petite ville comme Rouyn-Noranda ?
Noodle: C’est vraiment génial ! (Dit-il dans de moins polis mots.) Je veux dire, on ne joue pas que pour les gens d’une seule ville, on donne un spectacle pour toute la population du Québec et même de l’Ontario et même plus loin ! Puis c’est vraiment magnifique, j’adore être à l’extérieur, mais en tournée, ce n’est pas toujours facile parce que les gens nous reconnaissent, je me fais reconnaître. Mais j’adore toute l’Amérique du Nord ! La campagne est vraiment magnifique, alors c’est agréable d’être ici, c’est tellement différent. Pour des gens qui viennent du sud de la Californie, être encore en Amérique et n’avoir personne autour qui parle la langue dans laquelle tu as grandi, la langue parlée partout ailleurs sur le continent, c’est cool et unique ! Ça fait partie de pourquoi j’aime voyager !
IB: Les gens d’ici sont habitués à devoir souvent prendre la route pour une journée entière pour assister à de gros spectacles comme celui que vous donnerez ici ce soir. À quel point est-ce important, à tes yeux, d’offrir des spectacles comme celui-ci dans une petite région comme l’Abitibi-Témiscamingue ?
Noodle: À l’époque, on voyageait dans un pickup, pour aller jouer devant 25 personnes dans de petites villes relativement perdues dans le milieu de nulle part, et partout à travers le pays. Les gens voulaient du punk rock dans leur ville puis il n’y en avait pas. Il n’y avait souvent même pas assez de monde dans la ville pour former un groupe. Haha! On préférait jouer dans des petites villes, on était moins dilués ! Donc, on recevait des demandes via courrier postal, pour aller donner des spectacles partout autour. C’est pareil aujourd’hui, mais combien plus facile avec Internet ! C’est incroyable de voir nos fans du Brésil en rencontrer d’autres de l’Iowa, ou encore ceux de la Pologne qui se déplacent pour venir voir un de nos spectacles à New York ! C’est quand même fou voir tout ça !
IB: As-tu le temps de découvrir de la nouvelle musique ou bien tu es submergé d’offres et de groupes qui communiquent avec toi pour que tu écoutes absolument leur nouvel album et que tu les aides à se faire connaître ?
Noodle: Je reçois effectivement beaucoup de matériel de nouveaux artistes, je ne peux évidemment pas tous les écouter, mais je prends quelques CD que j‘écoute, et il y a vraiment de bons groupes ! Spécialement dernièrement avec l’informatique et les consoles maison. Souvent, on entend un son, et on reconnaît immédiatement les influences. Ce qui m’allume quand j’écoute un nouveau truc, c’est la différence. Quand une musique a son propre son, que ça sort de l’ordinaire et du déjà-vu. Quand je me dis : mais d’où est-ce qu’ils tiennent ce son ? Qu’est-ce qu’ils écoutent et de quoi ils s’inspirent ? Quand je ne sais pas comment catégoriser une musique, elle me branche vraiment ! C’est ce que je préfère et ce que je trouve le plus intéressant. Même si ce n’est pas le top de la qualité, le fait que ce soit unique me plait vraiment.
IB: Comment qualifies-tu l’importance d’une couverture régionale de la scène émergente d’ici ? Lorsque vous avez lancé The Offspring, est-ce qu’un média en particulier vous a aidé à monter en popularité ?
Noodle: Le premier média à nous couvrir s’appelle Flipside, un magazine punk rock de l’époque. Maximum Rocknroll nous a aussi « mis sur la carte », ce dernier était un peu plus gauchiste et engagé au niveau politique, mais bref,ces deux magazines nous ont beaucoup aidés !
IB: Ma question de conclusion est un peu personnelle, non pas sur ta vie privée à toi, mais personnelle au journal pour lequel j’écris. Si tu n’as pas envie d’y répondre, sens-toi super à l’aise, je laisserai ça off record. Nous sommes un journal culturel indépendant, gratuit et sans but lucratif, puis nous sommes actuellement en campagne de sociofinancement. Avec l’expérience que tu as dans le monde des arts et du spectacle, crois-tu important pour un artiste émergent tel que Lubik que tu as entendu plus tôt, pour un poète, un auteur ou encore un artiste en art visuel d’avoir une couverture médiatique indépendante et axée sur la culture ?
Noodle: Absolument ! Ce genre de média gratuit circule de mains en mains, et tout est important. Tu sais, je suis un grand fan de Maximum Rocknroll qui semble être un peu ce que vous faites à L’Indice bohémien, mais axé sur le rock. Tu dois obtenir le plus d’information possible pour choisir et si ces informations sont contrôlées par de grosses corporations, ça teintera l’information. Donc oui, vraiment important !
Satisfaite de mon entrevue, quelques vapeurs d’adrénaline plus tard, j’étais dans la foule (cachée par des milliers d’aisselles puisque je suis d’une grandeur adéquate pour une enfant de 5e année), et je sautais sur place en chantant à tue-tête les grands succès de mon adolescence, heureuse de savoir que sur scène, il y avait un guitariste qui était aussi convaincu que moi de l’importance de L’Indice bohémien pour notre terreau artistique régional. Si Noodle le dit…\
– Entrevue originale anglophone.