Voici une série de poèmes envoyés par des lecteurs et lectrices de l’Indice bohémien. Merci à chacun et chacune!
Octobre
Le ciel revêt sa robe de grisaille
La pluie menace de tomber
Le dieu du vent nous emprisonne
Dans nos tanières dévastées
Plaqué contre la fenêtre
Le givre s’est installé
La bouche entrouverte
Je déloge la buée
Monte petit auprès de moi
Que le sol qui te porte
Ne cède pas sous ton poids
Bras ballant, je suis là
Viens, garde ma main
Étaie ce fardeau
La peine qui me porte
Brisera mes os
Colette Jacques
Strauss et son fleuve
Délicates ondes caressant le rivage
poussées par les haut-bois et par les clarinettes
Harpes graciles qui bercent les violettes
Nature paisible remplie de pans d’histoire
Dentelle légère et trop ondulatoire
Cette étendue a trop connu l’esclavage
Au temps où les légions meurent en succession,
cent armées l’ont franchi, en main, glaive tranchant
D’un mouvement faisait gicler d’un coup le sang
Jamais autant de corps coulant sous l’oppression
Cette divinité placide qui cavale,
est devenue le fils de Téthys et d’Océan
Un printemps égaré s’y trempe sans raison
La barque dérive loin du débarcadère
Soleil ardent, brise venant de l’horizon
Aveu de toute sa puissance estivale
Brusque déferlement, inondant les étangs
sans jamais s’arrêter jusqu’aux Portes de Fer
Un jour où les robes étaient de crinoline,
chapeaux hauts-de-forme pour la gent masculine,
une valse noble fut écrite en Autriche
Majestueuse, douce, débordant d’élégance
Violons préférant titiller la romance
Ombrelles qui tournent selon les nuances
Vienne vibre et on danse sur la péniche
qui flotte près de ces galeries de bienséance
Des gens amoureux y dansent avec aisance
Cette chorégraphie rapproche leurs regards
Un sourire discret, émergé du brouillard
Une pensée qui leur fait perdre la cadence
Mais ces beaux violons rappellent l’abstinence
Ils devront valser et faire la révérence
Jeu de séduction édifié en patience
Combien difficile devant cette audience
Laurier Lévesque
MORT D’UN ARBRE
Papier blanc,
Blanc de peur!
Saigner à blanc,
Quelle horreur!
Encre noire,
Ta sève, ton sang s’écoule.
Pour toi, aucun espoir;
La mort s’en soûle.
Pureté de cette feuille
Obtenue à quel prix?
La forêt est en deuil
En souvenir de ton cri!
Un, deux, trois,
Des millions d’arbres coupés.
Jésus sur la croix.
Jusqu’où ira cette cruauté?
Cette feuille ordinaire,
Est-ce l’arbre de mon enfance?
Le manque d’oxygène sur terre
Sera ta douce vengeance.
L’homme, par son insouciance,
Détruit cette grande richesse.
Une autre des conséquences
Sera d’immenses sécheresses.
De ta souffrance, je fais usage
Pour lancer le message
De nous sauver du naufrage :
« Cessons ce gaspillage! »
Une feuille immaculée,
C’est minime, presque rien.
Mais des centaines de sauvées
Résultent en un arbre sain.
Lina St-Hilaire
GLOUGLOU… OÙ?
Glouglou Loup
Derrière mon loup
Je discerne à peine
Ma joie de ma peine
Je m’enlise dans la mare
Et je m’y amarre!
Glouglou Loup
À pas de loup
J’avance avec peine
Dans cette mare de peine
J’en ai vite marre
Enfin je démarre!
Loup Loup Où
En silence je joue
Loup y es-tu?
Je me suis tue
Pour suivre sa route
Le cœur en déroute!
Loup Loup Où
Accroche le houx
Aimer sais-tu?
Ma voix s’est tue
Sans l’ombre d’un doute
À l’ombre du doute!
Glouglou Loup Où?
Je m’en fous
Je suis folle… de vous!
Odette Pelletier
Les ivrognes et le haut clocher
Marc-Antoine Binet
Le démon, de sa griffe charnelle, insuffle
Par le fer frappé ses versets contemplatifs.
L’immonde, asservi, lit de son œil maladif;
Les lèvres bleues d’où sort l’exécrable souffle
De son cœur tétanisé par toutes les peines,
Dont, de jouissance, vilement arbore l’anathème;
Mis à l’abat, de ces résonnances d’hiver.
La lenteur éveillée de la vague qui s’élève,
Pour lentement assiéger la barque subjuguée.
Usant des tout derniers souffles de vanité :
Le corps convulsé en pleurs, de sa clémence, rêve;
L’abîme noir doucement se dévoile, tel le sein
Terrifié par l’idéal du divin humain.
Fin de session
humeur en décombres sauts périlleux montagnes russes de
résultats
mon avenir semble
incertain mes yeux cernés d’incrédulité qu’est-ce que le spasme
de mourir
au froid de l’hiver
qui m’fait chier
qui m’fait chier
Joanie Dion