On s’est dit, « Ça va prendre plus d’art public. Et du mobilier urbain plus coloré. Et plus de fleurs. Et des animations gratuites pour tous les citoyens. Des créations où se rencontrent les artistes professionnels et la population. Il faut rendre la ville plus vivante encore, en dehors des moments forts des festivals qui la font vibrer. » Ce sont les grandes lignes qui ont guidé la programmation de trois ans que le comité CulturAT RN s’était donné à l’aube de son adhésion à la démarche régionale. On, c’est nous, des représentants de toutes sortes de milieux : affaires, tourisme, municipal, art et culture.
Depuis, on a vu des pianos farfelus s’installer dans les lieux publics, des aires de repos conviviales et artistiques accueillir les passants, une murale sur un aréna, un circuit citatif se déployer dans la ville, des fêtes populaires au centre-ville et des œuvres participatives éphémères. Pour clore ce cycle de façon grandiose, c’est au tour du béton gris du viaduc du boulevard Rideau de laisser sa place à la couleur.
On s’est dit, « Ça va prendre une œuvre grand public. Quelque chose qui fait wow! Une œuvre qui rendra le monde fier. » Comme artiste et chargée de projet, ce genre de commande, c’est tout un contrat. Il faut faire rimer « grand public » avec « authenticité ». Il faut une idée qui va allumer les créateurs, mais aussi les partenaires et le conseil municipal. C’est tout un défi. Chercher le consensus tout en gardant un espace pour les artistes. C’est là que j’ai pensé aux chansons de Richard Desjardins. Qu’est-ce qui pourrait nous rendre collectivement plus fiers que lui?
Sondage auprès du monde autour. « Ça vous dit quoi, une murale inspirée des poèmes de Desjardins? ». Sourire dans la face des uns, étoiles dans les yeux des autres. On tient une piste. Sondage auprès du principal intéressé. Même s’il a « l’impression qu’on veut l’empailler vivant », il nous donne son accord. C’est un début.
Le mur, il est grand. Plus que grand, il est immense. En ville, personne n’a jamais conçu un si gros projet. Ça fait un peu peur. En même temps, je sais qu’on est capables de tout, ici, quand on le veut. J’ai donc opté pour un projet en cocréation. C’est un terme à la mode. L’idée est de mélanger les idées, les talents et les expertises. Le but est qu’on ne laisse pas seulement des muralistes de l’extérieur se taper le projet chez nous sans qu’il y ait de retombées pour notre milieu. On a donc invité les artistes à un blind date créatif. On montera l’équipe à partir des candidatures reçues, selon l’expérience et la chimie artistique pressentie.
Au terme de l’appel de projets et de la sélection, on arrive avec une équipe de quatre artistes professionnelles qui ont été « matchées » : Brigitte Toutant, Annie Boulanger et Johannie Séguin de Rouyn-Noranda, avec Annie Hamel, une muraliste de Montréal. En février, elles se rencontraient pour la première fois. Immersion de trois jours dans l’univers de Richard Desjardins. À partir de là, leur travail commence. On espère prendre les pinceaux dès l’été venu. On vous tiendra au courant!