Qu’arrive-t-il aux médias écrits traditionnels, aux journaux surtout? Le groupe Capitales Médias, propriétaire des légendaires journaux Le Soleilet Le Droit, est au bord de la faillite, sous respirateur artificiel de l’État.

La Presse a abandonné le papier et est devenue un organisme à but non lucratif pour les écrans des tablettes (faire un don au journal des Desmarais, vous ne trouvez pas que ça sonne faux?). Le Journal de Montréal est intégré dans un empire avec télés, radios et magazines et s’en sort mieux. Partout, aux États-Unis aussi, la presse peine à trouver un modèle qui pourrait assurer sa survie à long terme. Une commission parlementaire a eu lieu il y a un mois pour tenter de trouver des solutions, car le problème est certainement complexe et touche à la fois la forme des médias, au fond, au contenu, et à l’intention.

Sur la forme d’abord. Les médias n’ont pas 36 façons pour tirer des revenus : l’achat par le consommateur et la publicité. Internet et les réseaux sociaux ont fait entrer le ver dans le fruit : la gratuité. Depuis vingt ans, on télécharge nos musiques, on regarde des vidéos en continu, même chose pour les films. L’idée même de payer est devenue ridicule; plus personne ne souhaite s’abonner. Même chose maintenant pour l’information. Il y a bien sûr des dangers : celui du déclin de la qualité et de la rigueur, le journalisme étant une profession sérieuse. Celui des fausses nouvelles? Peut-être… j’y reviendrai. Puis, on peut certainement blâmer les fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) qui, maintenant, bouffent la grande majorité des sommes consacrées à la publicité. Les pointes de tartes ne se découpent pas à l’infini. Je suis d’accord avec Catherine Dorion (c’est très rare!) qui pense qu’il faut taxer les géants du Web et utiliser l’argent pour financer une presse de qualité. Car, oui, l’information reste un bien public.

Le fond ensuite. Les gens n’ont plus une confiance aveugle dans les grands médias écrits. On sait souvent à l’avance où logent les grands médias. On connaît à l’avance les positions de La Presse, par exemple, sur la question nationale ou le multiculturalisme. C’est toujours la même chose. Des journalistes et des chroniqueurs se transforment souvent en procureurs pour dénoncer, accuser et juger ceux qui ne pensent pas comme eux, comme une norme établie par on ne sait qui. Une entrevue n’est pas un débat, un reportage ne peut appuyer un point de vue en particulier, sinon, le journaliste fait mal son travail.

Il est alors tout à fait normal que bien des gens comprennent un jour qu’on ne les informe plus, qu’on cherche à influencer les opinions et à imposer un discours ou pire, qu’on leur ment peut-être. Ils cherchent donc d’autres sources d’information. On criera encore aux risques de fausses nouvelles! Les gens ne veulent pas de mensonge. Les gens ne souhaitent pas que lire des textes qui correspondent à leurs idées et opinions. Dire le contraire, c’est ridiculiser le peuple. La démocratie et la citoyenneté souffrent, car la presse est malade.


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.