16 avril. Un mois de confinement, une économie à l’arrêt. Il y a des arcs-en-ciel dans les fenêtres, beaucoup plus de marcheurs, des livraisons de la SAQ, des jeux-questionnaires en ligne et des 5 à 7 par Skype. Ça va bien aller? Peut-être moins pour les gens sans emploi, les petites entreprises qui ne passeront pas au travers et les victimes de drames personnels et familiaux qui pourraient survenir. Ça va bien aller, mais après quatre semaines, il faudrait réfléchir au-delà du slogan.

Le confinement ne pourra durer toujours. Attendre un vaccin est illusoire. Parce qu’au départ, Legault et Arruda voulaient aplanir la courbe pour pouvoir soigner tout le monde. Un mois plus tard, beaucoup voudraient attendre simplement que le virus disparaisse avant de reprendre une vie normale. Impossible. Il faudra faire nôtres des paroles de Franklin Roosevelt : « La seule chose que nous devons craindre est la crainte elle-même. »

Après cette crise sanitaire suivra la crise économique. Elle sera puissante elle aussi. Les symptômes seront rudes : appauvrissement, faillites, rigueur budgétaire, compressions. Incroyable quand même qu’une économie s’écroule quand les gens n’achètent à peu près que l’essentiel. L’État va investir, on n’en doute pas, mais les citoyens auront un grand rôle à jouer : favoriser les produits locaux, les réseaux courts. Faire des arcs-en-ciel, c’est joli, mais la véritable solidarité passera par l’acceptation de payer un peu plus cher pour de la qualité et des emplois ici.

Dieu merci, on n’interdit pas les sorties comme en France ou en Italie! Mais on nous limite quand même dans notre liberté la plus fondamentale : celle de circuler, d’aller et venir à notre guise. On comprend mieux ce qu’est la liberté! On a même flirté avec la dénonciation des autres. Après la crise, il faudra être vigilants et se battre contre toute volonté de limiter, un tant soit peu, nos libertés. Il faudra refuser les couvre-feux, rétablir les rassemblements de centaines et milliers de personnes. Il faudra combattre ces projets de traçabilité avec les téléphones (qui nous réduisent à être du bétail) ou d’élimination de l’argent liquide. Il faudra revenir complètement à la situation du jeudi 12 mars.

Il faudra aussi préparer une prochaine pandémie. Il y a eu le SRAS, la H1NI, la Covid-19. Ce sera à l’État encore de prendre le taureau par les cornes et de mettre sur pied un Santé-Québec, une sorte d’Hydro des masques, du gel, des blouses et de tout le matériel médical dont on a besoin. Ne plus dépendre des autres et surtout de l’État chinois, qui fait le beau, maintenant, avec ses livraisons après avoir propagé le virus partout. Et pourquoi ne pas adopter certaines mesures sanitaires en permanence : laisser les plexiglas devant les caisses, se laver les mains en entrant et sortant de l’épicerie, rester chez soi quand on est malade.

Ça va bien aller. On l’espère tous. Mais il faudra probablement plus de courage, de patience et d’audace une fois la crise passée.


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.