Remonter l’Harricana… et le temps
Abitibiwinni Aventure/Culture entraîne les amateurs de plein air sur la route d’eau traditionnelle des Algonquins
Par Winä Jacob et Paul-Antoine Martel
Pendant des millénaires, avant l’arrivée des blancs, les Algonquins et leurs ancêtres ont sillonné le territoire de l’Abitibi et du Témiscamingue, développant une connaissance intime des forêts et des rivières et un savoir-faire aux allures de symbiose avec la nature. Quiconque souhaite découvrir une parcelle de ces secrets peut le faire grâce à l’entreprise Abitibiwinni Aventure/Culture et son service Bercé par l’Harricana.
La rivière Harricana prend naissance dans les de la région de Val-d’Or, quelques kilomètres à peine au nord de la ligne de partage des eaux et du bassin de la rivière des Outaouais. Elle monte lentement vers le Nord, traversant Amos et ses environs, avant de se gonfler et de disparaître dans la baie James, après une course plus de 500 kilomètres. C’est cette situation géographique enviable qui en a fait une route importante pour les premiers occupants de notre territoire, dont les résidents de Pikogan, communauté située à la sortie nord d’Amos, sont les héritiers.
Depuis la fin des années 1990, la communauté Abitibiwinni de Pikogan offre des expéditions sur cette route fluviale sous la jolie appellation Bercé par l’Harricana. À l’aide de guides qualifiés, les amateurs de plein-air peuvent profiter d’expéditions de durée variable, allant d’une journée à plusieurs jours. Des arrêts sont prévus pour les repas, qui mettent en valeur la gastronomie traditionnelle, et il est possible de passer la nuit en forêt, sous une tente de prospecteur ou un tee-pee. On a ainsi aménagé, sur un tronçon de rivière de 200 km, près d’une quinzaine campements, du plus confortable au plus rustique. En 2010, Bercé par l’Harricana a été récompensé du Prix Écotourisme et tourisme d’aventure lors du Gala régional des Grands prix du tourisme québécois.
L’Harricana dans le coeur
Stéphanie Thuot, responsable des communications de l’Association touristique régionale, se souvient avec bonheur de ses deux expériences sur ce circuit, alors qu’elle accompagnait des groupes de journalistes. « C’est magique! », résume-t-elle simplement. Elle retient surtout le travail des guides, « qui racontent vraiment où passaient leurs ancêtres, comment ils vivaient. Généralement, les Algonquins ne parlent pas beaucoup, mais quand on les interroge, ils répondent généreusement aux questions. » Elle ne cache pas son admiration pour ces hommes des bois formés en sécurité aquatique, survie en forêt et mesures d’urgences : « Leur contrôle du canot est impressionnant; on dirait qu’ils ne rament même pas! »
Ce n’est pas parce qu’on est en plein bois que l’inconfort règne, bien au contraire : gîte et nourriture ont charmé Stéphanie Thuot. « On a aidé à préparer notre tee-pee, relate-t-elle. Ça sentait vraiment bon avec le sol en branchage de sapin et le feu qui chauffe au milieu, les copeaux de bois qui y brûlent… » Quant à son coup de cœur culinaire, il est attribué à la bannique frite préparée par une cuisinière : « C’était tellement bon! On aurait dit des beignes! »