Nous voilà un mois après la non-fin du monde. Les Mayas se sont trompés et nous avons pu fêter Noël, courir les magasins dès le lendemain, voir arriver 2013 et continuer comme si de rien n’était. C’est la 183e fois, si on compte bien, que l’homme se fait des peurs et essaie de trouver la date de sa propre extermination : Jugement dernier, écrits de Nostradamus, Bogue de l’an 2000, 21 décembre 2012… Ça viendra bien un jour, dans un ou deux milliards d’années, quand le Soleil, agonisant, viendra calciner la Terre. Ça nous laisse le temps de souffler un peu, jusqu’à la prochaine théorie, la prochaine prophétie.


Depuis que Dieu est disparu, que les églises sont devenues des condos et que les coachs de vie ont remplacé les curés, la mort ne fait plus partie de la vie, on la repousse le plus loin possible. L’idée de notre mort individuelle est insoutenable. Si on pouvait mourir tous ensemble, d’un seul coup, à cause d’une catastrophe terrible, ça rendrait la chose moins effrayante.


Mais, ce n’est probablement pas une comète géante qui détruira notre planète, ni un tremblement de terre gigantesque ou un raz-de-marée planétaire. La fin de l’homme sera la faute de l’homme.


Surconsommation, déforestation, réchauffement climatique, pollution de l’air, armes nucléaires, virus et pandémies, destruction des terres agricoles, crises alimentaires, voilà ce que nous avons entre les mains pour nous faire une belle fin du monde. On regarde le ciel avec inquiétude, on étudie des calendriers anciens, mais en même temps, on continue à jouer à la roulette avec la science et la nature. On mise, j’imagine, sur une fin lente et douce, peut-être, mais inévitable.


Ce qui est bien avec la télé et Internet, c’est qu’on peut savoir déjà, à l’avance, ce qui pourrait nous attendre : famines et sécheresses en Afrique, destructions et morts par milliers à Gaza et en Syrie, 42 millions de personnes en Asie-Pacifique déplacées depuis deux ans à cause de la hausse des eaux. Pour ces gens, la fin du monde, c’est maintenant. Peut-être auraient-ils aimé que le 21 décembre soit vrai ou, du moins, qu’on appuie sur Delete pour reformater le monde et recommencer à zéro.


Daniel Bélanger chante : «la fin de l’homme ne sera pas la fin du monde». Il n’a peut-être pas tort. Pour preuve, regardez avec attention (et humilité!) le documentaire Une vie après l’homme. Vous le trouverez certainement sur le Net. Ingénieurs, biologistes et autres spécialistes nous aident à imaginer la vie sur la terre sans l’être humain. La conclusion reste simple : très rapidement, la nature reprend ses droits et la planète semble très bien s’en tirer sans nous. Après quelques milliers d’années, il ne reste plus grand-chose de la présence des humains, sauf, peut-être, la muraille de Chine et les pyramides d’Égypte.

 

J’espère vous récrire en avril. On nous promet la fin du monde pour le 15 février. Un astéroïde, il paraît…


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.