C’est évident : si vous n’avez pas de place, vous ne participerez pas au spectacle. On y est ou on n’y est pas, c’est comme ça… Et quand on est tout bonnement exclu, y a-t-il moyen de se faire une place ?
Que devient-on lorsque nous ne correspondons pas aux critères de beauté en vogue? Lorsque nos courbes ou nos traits n’ont rien en commun avec les modèles auxquels la télévision, le cinéma, la publicité et les médias sociaux nous exposent à longueur de journée? Comment se faire une place?
Comment se sent-on si notre âge ou une incapacité physique nous empêche de « foncer à toute allure » pour atteindre la vitesse productive qui permet de « tout faire en même temps »? Comment vivent nos semblables qui n’arrivent pas à suivre? Comment peuvent-ils rejoindre une place?
Qu’arrive-t-il lorsque notre esprit est troublé? Que nos pensées, nos émotions, nos humeurs ne s’accordent pas avec celles couramment admises? Que nous perdons le sourire et grelottons, seuls, dans notre hiver intérieur? Comment se sentir à sa place, isolé ainsi?
De quelle façon arrive-t-on à se trouver un simple logement, si nous ne pouvons faire la preuve que notre crédit est sans tache, que nous avons des enfants, que nous possédons un animal de compagnie ou sommes fumeurs? Comment dénicher une place?
Que faire lorsque nos revenus ne nous permettent pas, mais alors pas un instant, de payer les augmentations de toutes sortes? De parer aux imprévus comme l’achat d’une nouvelle paire de souliers? Ou, pire, de se nourrir? Comment se payer une place?
Et si, enfants, nous subissons des sévices, sommes privés de soins, d’amour, du minimum permettant de s’épanouir en tant qu’humains à part entière? Comment avoir sa place?
Il y aurait actuellement des « choses aberrantes qui se passent au Québec », selon les dires de certains promoteurs de la Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodement. Songe-t-on à toutes ces personnes qui ne se sentent pas à leur place dans notre pays? Est-ce que les situations mentionnées plus haut sont aberrantes? Je pose la question.
De moins en moins d’efforts de l’état sont déployés pour nous venir en aide, les « sans place ». Pourtant, si nous « faisions de la place » au plus grand nombre en étant solidaires, cela permettrait à un maximum de gens de se sentir des êtres à part entière. Ça prend l’apport de tout le monde pour en arriver là… Ça demande aussi du courage politique!
Il est question d’élections provinciales… Je propose donc que tous les exclus portent des signes religieux ostentatoires, afin qu’on parle enfin d’eux durant la prochaine campagne électorale. Pour qu’ils se fassent une place dans la « politique-spectacle ».
Et je prie je ne sais quoi ni qui, pour que nous puissions, tous ensemble, nous soucier enfin d’humanité.