MAJED BEN HARIZ
La forme numérique de l’art transforme notre perception et notre interaction avec celui-ci. Il s’agit d’une nouvelle technique d’expression artistique qui utilise des technologies informatiques pour créer des œuvres interactives, visuelles, sonores et immersives. Les artistes en art numérique créent aujourd’hui des œuvres à la croisée de la science, de l’art et de la technologie. Cette dernière leur permet d’explorer de nouveaux territoires créatifs grâce aux manipulations photographiques ou à des créations interactives.

L’artiste témiscamien Jean-Louis Yelle exposera dans la grande salle de la MRC de Témiscamingue une série d’œuvres numériques intitulée Paysages corporels. M. Yelle se dit un artiste autodidacte, lui qui a fait une carrière de technicien forestier. Son travail lui a permis de sillonner la nature du Témiscamingue dans ses différentes formes. « Le travail en forêt m’a permis de découvrir des éléments composés de textures, de végétations, de roches, de ruisseaux et d’espèces animales qui ont favorisé cet éveil artistique », explique-t-il. Muni de son appareil photo, il s’est constitué un riche répertoire de paysages du Témiscamingue. Son admiration pour la photographie l’a poussé à se moderniser pour se réajuster aux nouvelles technologies de la photo numérique.
Pour son exposition Paysages corporels, Jean-Louis Yelle souligne l’importance de l’élément corporel dans le domaine des arts visuels. Pour lui, « le corps humain est très fusionnel avec son environnement naturel, car ces deux éléments sont indissociables ». Il évoque dans ce contexte que le corps humain a suscité l’admiration et la sacralisation dans les civilisations antiques, à l’exemple des arts de la Grèce ou de l’Égypte antique. Les œuvres de M. Yelle sont une concrétisation des éléments traditionnels dans un contexte contemporain. « La technologie donne une nouvelle perception “moderne” au corps humain dans son univers naturel », précise-t-il.

L’artiste témiscamien estime avoir été très influencé par les œuvres de Salvador Dali. Pour lui, « c’est un artiste qui incarne la modernité dans la continuité classique ». Des artistes impressionnistes comme Édouard Manet et Claude Monet l’inspirent également beaucoup, car ils représentent le caractère éphémère de la lumière dans leurs œuvres.
L’élément premier du processus créatif de Jean-Louis Yelle est la photo. La transcription en œuvre numérique se façonne au moyen d’un message artistique. « L’art devrait être un moyen de persuasion des dangers auxquels la nature est exposée, et l’esthétique devrait détenir un message; autrement il perdra sa valeur », ajoute-t-il.
Concernant le contexte créatif au Témiscamingue, l’artiste précise que « la ruralité n’est jamais un frein à la création. La nature vous oblige à créer de différentes manières et le Témiscamingue est une terre inspirante. On est loin des grands centres urbains, mais on est capable de produire un art différent de celui de la ville qu’on devrait se l’approprier ».

L’exposition de Jean-Louis Yelle est présentée par la Commission culturelle de la MRC de Témiscamingue en guise d’encouragement aux artistes locaux pour trouver des lieux d’exposition non conventionnels. Ses œuvres seront présentées au personnel municipal du Témiscamingue ainsi qu’aux personnes qui gravitent dans les locaux de la MRC dans le cadre de réunions ou lors de visites.