Le 14 avril dernier, le Conseil de la Nation Anishnabe de Lac Simon a dévoilé la carte de son territoire traditionnel, qui couvre une grande superficie de l’est de l’Abitibi-Témiscamingue. Le Conseil entend ainsi faire respecter les droits territoriaux de ses membres face à des empiètements non consentis. Cette carte servira de base dans le cadre des processus de consultation et de négociation – dont elle veut désormais fixer les règles – avec les gouvernements et les entreprises ayant des projets sur son territoire.

« Nos membres nous demandent de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger notre territoire contre les abus et l’utilisation illicite que certains en font. Dans le contexte où certaines ressources traditionnelles des Algonquins, comme l’orignal, sont en plein déclin, nous ne pouvons pas laisser aller les choses », a déclaré la cheffe de Lac Simon, Adrienne Jérôme par voie de communiqué.

La publication de cette carte est le fruit de deux ans de travail du département du développement des ressources naturelles de Lac Simon. Au-delà d’une recherche sur les sources documentaires disponibles, ce sont les familles anishnabeg de la communauté qui ont établi les délimitations de chacun de leurs territoires familiaux ancestraux, appuyées par des visites sur le terrain pour valider les renseignements.

Les territoires traditionnels familiaux et leurs ressources sont indissociables du mode de vie des Autochtones et de leur culture. L’objectif de la carte est que quiconque l’utilise, en particulier les entreprises d’extraction des ressources (forêts, mines, pourvoiries), soit bien informé de l’étendue du territoire et en respecte les limites, ce qui inclut le respect du droit au consentement libre, préalable, et éclairé des familles anishnabeg de Lac Simon avant d’entreprendre toute forme de travaux sur le territoire.

La démarche de Lac Simon s’inscrit dans un contexte où d’autres nations autochtones prennent des mesures pour défendre leurs droits sur leurs territoires familiaux. Les S, qui ont unilatéralement déclaré leur souveraineté sur leur territoire en 2014, bloquent depuis février l’accès aux compagnies forestières au kilomètre 60 du chemin menant à Manawan. Ils réclament eux aussi d’être réellement consultés et que les ententes acceptées soient respectées lorsque des activités d’extraction des ressources sont entreprises sur leur territoire.

Les systèmes de consultations existants étant jugés inadéquats, le Conseil de la Nation Anishnabe de Lac Simon rendra quant à lui bientôt public son protocole de consultation précisant les démarches que devront suivre les promoteurs de projets sur son territoire. D’ici là, les membres de la communauté sont invités à être présents sur leur territoire et à signaler toute activité non autorisée.


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