Bon nombre d’œuvres de la Témiscamienne Émilie B. Côté relèvent d’une approche axée sur l’environnement, la cueillette et les phénomènes naturels. L’artiste travaille avec des champignons, du lichen, de la mousse, etc. Au cœur de son inspiration réside toute cette force de la nature, sa résilience, sa régénérescence. Avec son nouveau projet artistique, voilà qu’elle butine du côté des abeilles, une démarche qu’elle définit comme un projet de recherche.

Elle visitait un ami. Sur le terrain de ce dernier… des ruches, dont l’une avait été complètement détruite par un ours. Inarrêtables, les abeilles y avaient fabriqué des alvéoles de cire partout : à l’intérieur de la boîte, sur les côtés, sur le couvercle. « J’ai eu le flash immédiat d’imaginer ce que ça pourrait donner sur mes sculptures. »

Dans cette approche de recherche, l’artiste a déposé des échantillons dans des boîtes à miel : plastique, Plexiglas, plâtre, ossements. Quelles textures attirent ou rebutent les abeilles? C’est ce qu’elle observe au moment d’écrire ces lignes. Le projet s’échelonnant sur plusieurs semaines, elle évalue les résultats et s’ajuste chaque fois. Elle souhaite que les abeilles fabriquent des alvéoles de cire sur ses œuvres.

Le concept n’est pas sans rappeler ces quelques paroles de la chanson La désise de Daniel Boucher, popularisée à la fin des années 1990 :

Mais tu t’promènes, tu butines, tu t’rasseyes de l’aut’bord
P’tite abeille a’travaille fort
Bzzz, bzzz, bzzz

Pour réaliser son projet, Émilie B. Côté est accompagnée par Guillaume Tétreault, copropriétaire de l’entreprise familiale Miel Abitémis à Saint-Bruno-de-Guigues, qui a réagi très positivement à cette idée. « Il était surpris et curieux de voir quel allait être le résultat. Évidemment, l’univers des abeilles est nouveau pour moi, donc il m’a fourni les vêtements appropriés pour aller près des ruches. C’est une super collaboration et une entreprise qui comprend la pertinence de ce genre de projet créatif », précise l’artiste.

Pour éviter d’altérer le milieu de vie des abeilles et de nuire à la production de miel, une boîte vide a été installée au-dessus d’une ruche régulière, un grillage métallique séparant les deux espaces. Les œuvres seront retirées avant que les abeilles y emmagasinent du miel. Une caméra 360, déposée dans la boîte du dessus, permet de documenter le travail des abeilles en action.

En juillet, on voyait la cire apparaitre sur les différentes textures. « On n’avait pas appréhendé que les abeilles allaient travailler par le dessous. Actuellement, il y a des alvéoles de cire sur les pièces, mais on ne les voit pas encore énormément du dessus », indique Émilie B. Côté. Les sculptures de l’artiste y seront déposées plus tard, si les échantillons sont concluants. « Comme c’est une approche de recherche, je n’ai aucune idée si les abeilles, d’ici la fin de l’été, vont avoir fait des alvéoles de cire sur mes pièces. J’y vais au jour le jour. J’effectue un lâcher-prise puisque je n’ai aucun contrôle sur le résultat. »

Ce projet documenté sera présenté au Centre VOART de Val-d’Or en janvier 2025.

Depuis l’écriture de l’article, le projet d’Émilie B. Côté a connu une évolution. 
En effet, ses sculptures ont pu être déposées dans les boîtes et le travail des abeilles a fait son œuvre... 
Des résultats se concrétisent… les bâtisseuses ont construit des alvéoles aux endroits espérés. 
La cire et l'argile semblent faire bon ménage! C’est de bon augure pour la future exposition!


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.