BIANCA BÉDARD, GÉOGRAPHE ET DIRECTRICE GÉNÉRALE DU CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’Abitibi-Témiscamingue (CREAT)

Le Québec consomme aujourd’hui plus d’énergie qu’il n’en a jamais consommé auparavant. Les surplus étant chose du passé, les défis que comporte la carboneutralité d’ici 2050 sont de taille. La principale question : disposons-nous des ressources énergétiques pour y arriver?

Selon les prévisions actuelles d’Hydro-Québec, il faudra potentiellement doubler la production actuelle pour atteindre la carboneutralité. C’est pourquoi les concepts d’efficacité énergétique et de sobriété énergétique sont des plus importants.

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OPÉRER LE CHANGEMENT INDIVIDUELLEMENT

La population québécoise est gourmande en énergie. Pourtant, le potentiel d’efficacité énergétique de la province est important et représente une économie pertinente, car l’électricité qui n’est pas consommée n’a pas à être produite. Hydro-Québec évalue que l’équivalent d’un huitième de sa production actuelle pourrait être économisé. Comment? À l’échelle individuelle, c’est plutôt simple.

D’abord, le premier geste à poser est l’installation d’une thermopompe. Cet appareil prend toute sa pertinence par temps froid, consommant peu de puissance pour le confort généré. Ensuite, il convient de mieux isoler les bâtiments, particulièrement dans une province froide comme la nôtre. Ces deux actions seulement représentent des gains rapides et relativement peu dispendieux, permettant des économies en plus d’atténuer les pointes hivernales, alors que le chauffage représente la principale source de consommation par temps très froid.

La bonne nouvelle est qu’il existe des programmes de subventions pour vous aider financièrement et amortir encore plus rapidement ces dépenses, qui vous permettront de réduire votre facture mensuelle d’électricité.

La sobriété énergétique renferme également un potentiel important. Il s’agit de consommer mieux. Des exemples? Moins consommer durant les pointes matinales et en soirée, réduire la température ambiante, recharger les véhicules électriques la nuit, réduire l’éclairage et utiliser des ampoules DEL, réduire la taille des véhicules, miser davantage sur le transport actif et collectif. Comme ailleurs dans le monde, les Québécois seront appelés à changer leurs habitudes de consommation pour réussir la transition vers la carboneutralité.

L’ÉOLIEN, LA CLÉ DE LA TRANSITION RAPIDE

Pour générer de la puissance à court terme, l’éolien semble être la solution la plus appropriée. Comme le Québec n’est pas la seule nation ayant les yeux rivés sur l’éolien, il se pourrait que la demande croissance entraîne des enjeux de coûts et d’approvisionnement. Ayant une empreinte très faible au sol, le rendement des éoliennes est toutefois limité, soit d’environ 35 %. De plus, elles sont rarement en mouvement lors des épisodes de grands froids, là où les besoins sont au sommet.

L’Abitibi-Témiscamingue serait d’ailleurs un territoire intéressant pour le développement de parcs éoliens. Des promoteurs analysent présentement la vélocité des vents et il semblerait que trois MRC présentent des potentiels énergétiques intéressants.

APRÈS ÉOLE, HELIOS

Aujourd’hui, la production d’énergie solaire est très marginale. Toutefois, des panneaux solaires pourraient se multiplier au Québec, à proximité des lieux de consommation. Parmi les désavantages, notons leur rendement variant entre 15 à 20 % du temps. Surtout en hiver, lorsque la demande est forte, les journées sont courtes et moins ensoleillées. Toutefois, l’efficacité des panneaux solaires augmente lorsque les températures chutent. La température froide permet aux panneaux de produire plus de tension et, par conséquent, plus d’électricité.

L’éolien, comme le solaire, doit impérativement être couplé avec une solution de stockage d’énergie. Ça tombe bien : nos énormes barrages hydroélectriques pourraient être utilisés à cet effet! Lors d’épisodes venteux, les vannes pourraient être closes pour retenir l’eau dans les barrages et en période calme, il suffirait de turbiner.

Mais alors, pourquoi ne pas construire d’autres gros barrages hydroélectriques?

Découvrez la suite dans la chronique du mois prochain.


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