Après des mois de dormance, BackStabber amorce l’année 2024 avec de nouvelles compositions. Regrouper ce matériel au sein d’un minialbum, à paraître en ligne ce mois-ci, montre que le groupe de death metal est toujours bien vivant. Discussion avec les principaux intéressés autour de pintes de bière (et de kombucha).  

Crédit photo : Roxanne St-Arneault
La pandémie a freiné l’élan de BackStabber, en mars 2020, tandis que le groupe promouvait le vidéoclip My Disclosure, avec la plateforme américaine aux millions d’abonnés, Metal Injection.

Le soleil de février ne parvient pas à illuminer la salle à manger du Prospecteur, à Val-d’Or, mais les tables vides nous rappellent que 16 h n’a pas encore sonné. Keven Letiecq-Hull et Eric Séguin, attablés près du bar, nous plongent rapidement ailleurs, dans une atmosphère bien différente. En juillet 2019, pour être plus précis.  

BackStabber venait à l’époque de remporter le prix Enraciné du Festival de la relève indépendante musicale de l’Abitibi-Témiscamingue (FRIMAT). L’année 2020 devait être la leur, mais la pandémie les a plutôt privés de leurs récompenses, dont des séances photo et d’enregistrement en studio et une tournée de festivals, comme Osisko en lumière. « C’est malheureux et ça nous [a tiré] dans le pied, soutient le batteur Keven. Je comprends que ce n’est pas de leur faute, mais ça nous a downé le moral. » 

Crédit photo : Gabriel Lacoursière
Le groupe a retenu les services de Francis Courtois, du Centre musical En sol mineur de Rouyn-Noranda, pour composer un arrangement classique pour l’une de ses nouvelles chansons. 

DETTE MÉTAL 

À l’amertume s’ajoute la situation de BackStabber, qui est moins une aventure financière que passionnelle. Les quatre musiciens occupent des emplois en semaine pour subvenir aux besoins de leur famille. « On fait du dette métal, précise le bassiste Eric, qui a construit une salle de répétition dans le sous-sol de sa maison. On met de l’argent dans le groupe, mais on n’essaie plus de compter parce que ça n’a pas de sens. »  

Le quatuor mise aujourd’hui très gros avec Patterns of Domination. L’album porte notamment la signature de pointures, comme l’ingénieur de son Christian Donaldson. Keven et Eric espèrent que de tels efforts – un exemple parmi d’autres – seront suffisants pour clarifier l’identité de BackStabber, renommé d’abord sur la scène abitibienne. « J’aimerais qu’on devienne un band connu à la grandeur de la province, explique Eric. J’aimerais, un jour, faire une tournée canadienne, me mettre les pieds dans le Pacifique pour ensuite aller les planter dans l’Atlantique. »  

Crédit photo : Jean-François Girard
Le vidéoclip Harvesting the Weak, paru le 8 février 2024, contient à nouveau la marque de la boîte de Productions 3 tiers. 

AU-DELÀ D’UN SEUL HOMME 

L’histoire est bien documentée. BackStabber naît en 2012, à l’initiative de Christian Mongrain Thériault à la suite de son départ du groupe Cryptik. Joint au téléphone, distance oblige, le chanteur et guitariste de La Sarre promet (sans surprise) un album soigné aux sonorités d’old school death metal, de deathcore et de death metal mélodique.  

Patterns of Domination, accessible à partir du 15 mars, puise son inspiration dans le premier roman de James Redfield, La Prophétie des Andes. « L’auteur parle de quatre schémas qu’adoptent certaines personnes pour drainer l’attention de leur entourage, mentionne Christian. Il y a une chanson pour chacun des quatre schémas, soit l’intimidation, la plaintivité [sic], l’interrogation et l’indifférence. Je trouve ça beau, car l’album recourt un peu au sarcasme pour les dénoncer. » 

Crédit photo : Maryse Boyce – FRIMAT
« Dans le band, je pense que c’est moi le plus amer. J’ai travaillé longtemps pour que nous puissions récupérer nos prix […] On avait travaillé fort en maudit pour gagner le FRIMAT en 2019 », explique le bassiste Eric.  

OSISKO : AUCUN ÉCHÉANCIER  

Les additions payées, alors qu’ils s’apprêtent à quitter le Prospecteur, Keven et Eric admettent que l’un des prix promis par le FRIMAT est particulièrement difficile à laisser aller : Osisko en lumière. 

Le directeur général, Frédéric Roy-Hall, en poste depuis 2021, assure que le quatuor fait partie des plans de l’organisation. Il est toutefois incapable de préciser un échéancier. M. Roy-Hall pointe du doigt une constellation de facteurs, comme les règles contractuelles qui entourent la signature d’artistes de renom. « Nous avons considéré [les engager] en 2022, en 2023 et à nouveau cette année, mais c’est difficile lorsque des artistes imposent des genres musicaux pour leur première partie […] On aurait pu les mettre au centre-ville un après-midi, mais je ne pense pas que c’est ce qu’ils souhaitent […] J’aurais tout de même très confiance à leur place que ce sera [un jour] honoré », déclare-t-il. 

Gracieuseté : Keven Letiecq-Hull
Le groupe espère rayonner en dehors de l’Abitibi-Témiscamingue et du nord de l’Ontario.

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