Mélanie Nadeau est une artiste multidisciplinaire bien connue (et reconnue!) en Abitibi-Témiscamingue, et maintenant partout dans la province. Par exemple, elle a promené son spectacle de contes L’empereur : Épinettes et maïs soufflé jusqu’à la Place des Arts de Montréal. Elle est tour à tour conteuse, conceptrice, animatrice et comédienne.  

Mélanie Nadeau offre toujours un travail profondément humain. C’est la force de sa signature visuelle et théâtrale. Ses personnages sont colorés, ludiques, drôles et attachants, mais surtout humains. Ils nous ramènent à notre propre humanité, et provoquent nos propres questionnements. Les émotions éclatent comme du maïs soufflé et la vulnérabilité côtoie les grands éclats de joie pure.  

CRÉATION D’UNIVERS 

Si elle se définit comme créatrice d’univers et de personnages, l’artiste n’hésite pas à investir sa personnalité dans ses œuvres. Sa grande sensibilité transparait dans tout ce qu’elle fait. Elle rejoint ainsi un public varié, mais toujours séduit. Son plus récent travail, Repère, est une suite photographique réalisée avec Christian Leduc. Elle construit l’univers, le lieu, la pièce, le personnage, l’humanité et l’émotif. Elle offre une narrativité visuelle très forte, qui se passe de texte ou de descriptif. Tout est là, tout se pose dans la photo, et le public évolue au fil des images, avec les images, recevant l’émotivité théâtrale de plein fouet.  

Il est impossible de demeurer de glace devant le travail de Mélanie Nadeau, tant ses bribes d’univers sont évocatrices. C’est ce contact avec le public qu’elle cherche à créer. Elle explique qu’elle expose « en lien avec [s]on émotivité, [s]on besoin de toucher les gens, au risque d’en être émotive [elle]-même ». L’émotion nourrit son travail et sa relation au public.  

LE DÉPOUILLEMENT 

Dans sa série photographique Repère, Mélanie Nadeau se positionne elle-même et se questionne. Elle met en lumière la partie d’elle qui demeure dans ses personnages, et nous assistons à un dépouillement sincère et intime. L’artiste apprivoise la vulnérabilité par ses personnages, et elle nous permet d’assister à cette introspection métaphorisée. Clownesque et coloré, son personnage va vite devenir autre, devenir elle, et les questionnements auxquels nous assistons ne nous laissent pas dans l’indifférence. Ce que pense exactement le personnage de Mélanie n’a pas d’importance. C’est toute la place qui est laissée à nos propres pensées, à notre identification qui rend la série Repère très forte. Le public est projeté dans sa propre émotivité, en écho cathartique à celle du personnage.  

Crédit photo : Christian Leduc
Crédit photo : Christian Leduc

La force lumineuse de Mélanie Nadeau réside dans sa capacité à offrir un espace dans ses œuvres pour nous, pour notre émotivité, notre propre vulnérabilité. Il y a une communion humaine entre le public et ses œuvres. Si nous avons parfois l’envie irrésistible de serrer ses personnages dans nos bras, notre propre cœur reçoit un baume, au contact de ses expositions. Comme quoi le beau dans l’humain est encore là, dans l’art, et dans les œuvres de Mélanie, comme autant d’étoiles. 


Auteur/trice

Après avoir enseigné le français, le théâtre et la littérature au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Gabrielle Demers oeuvre dans le domaine de la pédagogie universitaire. Elle s’adonne aussi à la performance, aux installations artistiques et aux arts imprimés. Elle se questionne sur les enjeux actuels liés à la féminité dans l’espace public, entre autres.