Le 11 novembre dernier avait lieu le spectacle de danse Papillon au Petit Théâtre du Vieux Noranda. Le spectacle réunissait trois interprètes de danse de rue dans une chorégraphie d’Helen Simard. 

Le centre de la salle du Petit Théâtre était dégagé; des estrades étaient aménagées de chaque côté et les artistes évoluaient à la hauteur du public. La scène était occupée par le groupe qui accompagnait les performances. 

On doit d’abord souligner l’apport de la musique; loin d’être un accompagnement de la chorégraphie, elle occupait tout l’espace de la salle de spectacle, offrant au public une expérience physique. En effet, la batterie et les claviers électroniques possédaient leur propre espace, transmettant une vibration faite de pulsations et de basses très résonnantes. On pouvait sentir la musique vibrer à l’intérieur de soi. 

Helen Simard. Crédit : Roger White

La base de la chorégraphie était trois solos. Les interprètes, Nindy Banks, Mecdy Jean-Pierre et Maude Laurin-Beaulieu, n’étaient pas partenaires, mais des protagonistes indépendants l’un de l’autre. Chacun avait son rythme, son beat, sa propre partition. Leur seul point commun était justement cette musique sur laquelle chaque personne dansait indépendamment. Peut-être pas tant un point commun, mais un quatrième partenaire qui avait son propre programme lui aussi. 

À regarder évoluer les danseurs, on ressentait la nette impression de corps célestes concentrés sur leurs mouvements, dansant, tournant selon leur rythme particulier qui, parfois, se retrouvait dans la même zone, sur la même orbite, brièvement en phase. Après quelques mouvements coordonnés, ils perdaient rapidement cette résonance et reprenaient leur trajectoire. Ces mouvements, combinés à la musique pulsée, plongeaient le public dans une expérience hypnotique. 

Interprète : Mecdy Jean-Pierre | Crédit photo : Do Phan Hoi

Interrogée sur la présence importante de la musique (avec un groupe formé de Rémy Saminadin, Roger White et Ted Yates), Helen Simard a confié avoir pris ce parti « pour éviter que le spectateur cherche trop de sens à la chorégraphie. Les spectateurs ont beaucoup plus de facilité à considérer la musique dans son expérience directe et viscérale sans chercher plus loin. Je voulais ramener le public à cette expérience basique ». 

Interprète : Nindy Banks | Crédit photo : Do Phan Hoi

L’indépendance des acteurs du spectacle par rapport aux autres (groupe de musiciens et trois danseurs dans leur solo respectif) est attribuable aux circonstances de la naissance du projet, créé durant la pandémie. Les artistes ont dansé individuellement et la chorégraphie s’est développée via Zoom. Comme dans les rencontres virtuelles, ensemble, mais séparément. Amalgame difficile au premier abord, mais qui donne une dynamique particulière au spectacle. Le danse de rue, très athlétique, travaille beaucoup sur la rupture et les interprètes, loin de présenter un univers lisse et harmonieux, proposaient régulièrement des changements de rythme. On aurait même dit, à certaines occasions, que la danse évoluait chacun dans une temporalité qui leur était propre. Loin d’engendrer du chaos, ces choix chorégraphiques, grâce à la musique, semblaient plutôt dompter ce chaos et faisaient en sorte que nous pouvions entrer dans leur univers. 

Interprètes : Victoria Mackenzie, Nindy Banks, Mecdy Jean-Pierre | Crédit photo : Do Phan Hoi
Interprètes : Mecdy Jean-Pierre, Victoria Mackenzie | Crédit photo : Do Phan Hoi

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