ANDRÉA LALANNE, CHARGÉE DE PROJETS AU SEIN DU CONSEIL RÉGIONAL DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE (CRÉAT) 

Selon des données de 2020 de Statistique Canada, les Québécoises et Québécois génèrent la plus grande quantité de déchets résidentiels voués à l’élimination au Canada. En 2021, la quantité de matières résiduelles éliminées par habitant était de 716 kg au Québec. Cela représente environ 6 138 000 tonnes, soit presque 12 tonnes par minute pour un an. Considérant qu’une tonne représente 10 bacs de déchets de 360 litres, c’est beaucoup! 

Étant donné que les ressources de la planète sont limitées et que l’humanité consomme déjà davantage que la capacité de renouvellement de la Terre, il n’est pas réaliste de maintenir ce rythme de consommation. Le verdict est clair, la quantité de déchets produits doit être réduite. 

André Lalanne

REVOIR NOTRE MODÈLE ÉCONOMIQUE 

Le modèle économique actuel a été développé de façon linéaire, c’est-à-dire que les matières premières sont extraites, utilisées, puis jetées. Plusieurs études démontrent que le système devrait plutôt se baser sur un modèle circulaire où les rejets de l’un sont les ressources de l’autre. C’est le concept de l’économie circulaire qui vise à repenser le processus de production et de consommation, en plus d’optimiser les ressources déjà disponibles pour réduire la pression sur les ressources et protéger les écosystèmes. L’optimisation peut, entre autres, se manifester en prolongeant la durée de vie des produits et en réutilisant les matières en fin de vie. 

Crédit photo : Andréa Lalanne

AGIR EN TANT QUE CITOYENNE ET CITOYEN 

Les citoyennes et citoyens peuvent également jouer un rôle dans la réduction des déchets en adoptant le principe de 3RV. Cette expression vise à prioriser la réduction à la source, le réemploi, le recyclage et la valorisation avant l’élimination. Le recyclage est important, mais la réduction et le réemploi doivent être priorisés. 

Au Québec, en 2021, 76 % des matières reçues au centre de tri ont été acheminées pour être recyclées, un taux relativement stable depuis 2018. Toutefois, selon RECYC-QUÉBEC, 47 % des matières récupérées et triées sont réellement recyclées et permettent de fabriquer de nouveaux produits. Ce pourcentage s’explique entre autres par la grande diversité de plastiques qui rend le tri difficile, le mauvais tri, le manque de débouchés pour le verre, etc. C’est pourquoi la réduction, qui mieux et à moins à consommer, est si importante. Un produit non consommé ne génère aucun déchet. Éviter d’acheter un article à usage unique ou suremballé contribue également à cette réduction. En parallèle, le réemploi permet de prolonger la durée de vie d’un produit en le réutilisant. Lorsque vous apportez vos vieux vêtements à la friperie ou lorsque vous utilisez vos conserves comme pot de fleurs, vous faites du réemploi.  

Il n’est pas facile de mieux gérer les ressources disponibles et d’améliorer la gestion des matières résiduelles. Cela nécessite l’adaptation et l’implication de la classe politique, des entreprises et de la population, mais collectivement ce projet est réalisable. Plusieurs initiatives ont été mises en place ou le seront dans les prochaines années.  


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