C’est en juin dernier qu’Amélie Cordeau en faisait l’annonce officielle sur les réseaux sociaux. Après dix-huit ans d’implication au Rift, dont dix ans à la direction générale et artistique des arts de la scène, elle quitte ses fonctions et la région pour relever de nouveaux défis et se rapprocher de sa famille. 

Sereine avec sa décision, c’est avec le sentiment du devoir accompli qu’elle passe le flambeau à une relève bien ancrée dans le milieu, soit deux membres faisant déjà partie de l’équipe du Rift. Émilie B. Côté assure maintenant la direction des arts visuels, alors que celle des spectacles et du cinéma est confiée à Alexandra Vincent-Paquin. Ce modèle de codirection, proposé par Amélie Cordeau et rapidement appuyé par le conseil d’administration, est à l’image de ce que prône le Rift depuis plusieurs années : le travail d’une équipe tissée serrée! 

D’ailleurs, en réfléchissant au bilan de cette décennie à la direction du Rift, c’est le mot « équipe » qui revient le plus souvent dans le discours d’Amélie Cordeau. En effet, il y a dix ans, le Rift comptait sur trois ou quatre membres du personnel. « On a bâti une équipe pour répondre à toutes les actions que l’on voulait porter », confie-t-elle. Des postes permanents ont été créés, une tâche qui a nécessité beaucoup de travail et de recherches de financement, mais qui permet aujourd’hui de desservir envieusement la population témiscamienne en matière de culture. 

Outre la richesse de la programmation et la panoplie d’activités offertes, tant en arts visuels qu’en arts de la scène, l’ancienne directrice affirme que les « coulisses du spectacle » font partie de ses plus grandes fiertés. Il s’agit d’un travail non négligeable qui se fait derrière le rideau et qui assure une offre de qualité. D’emblée, elle avoue qu’il n’y a rien de particulièrement glamour à parler de la mise à jour de l’équipement et de l’entretien des bâtiments, mais que ce sont des conditions gagnantes pour accueillir et attirer tant les artistes que le public. Et que dire des nombreux partenariats établis au fil des ans, notamment celui avec le Centre de services scolaire du Lac-Témiscamingue? En effet, depuis 2018, l’ensemble des élèves, sans exception, du préscolaire jusqu’à l’éducation des adultes, assistent chaque année à une représentation. « Ç’a comme doublé notre travail parce qu’on présente plusieurs spectacles supplémentaires dans l’année pour répondre à ce besoin-là, mais c’est tellement trippant de voir les jeunes découvrir de nouvelles disciplines. » Parce que l’équipe du Rift est visionnaire, elle prépare la relève en matière de public récurrent! « Ça se fait ailleurs au Québec, mais au Témiscamingue, on se démarque dans la région pour répondre à toutes les clientèles. » 

Bien sûr, comme toute personne à la barre d’une grande organisation, Amélie Cordeau a dû relever les défis qui ont parsemé son parcours professionnel. Elle souligne sa capacité d’adaptation et sa résilience qui lui ont permis de garder le cap pour répondre à la mission et aux différents mandats de l’organisme. Quand elle a pris les rênes du Rift, le bateau prenait l’eau, le déficit était de taille. Rétablir les finances était une priorité. Mission accomplie! En 2023, le Rift n’a plus aucune dette! Aussi, il y a eu le changement de bailleurs de fonds qui a été ponctué d’incertitudes. « On est passé du ministère de la Culture au Conseil des arts et des lettres du Québec », un enjeu difficile pour la région de l’Abitibi-Témiscamingue en raison des importantes coupes budgétaires qui ont entraîné une grande mobilisation et de nombreuses interventions politiques. Évidemment, il ne faut pas oublier la pandémie et l’incendie, deux autres défis relevés en équipe. 

Bref, s’il y avait une « allée des célébrités » au Témiscamingue, nul doute qu’Amélie Cordeau y aurait son étoile pour sa grande contribution au rayonnement culturel de la région. De toute évidence, ce halo n’est pas près de s’éteindre puisque la relève, tout aussi investie et engagée, est déjà en poste et bien armée en matière de compétences et d’expériences pour assurer la pérennité du Rift. 


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.