C’est à la Cité de l’Or de Val-d’Or, dans le cadre du Festival de la relève indépendante musicale en Abitibi-Témiscamingue (FRIMAT), où elle exposait ses œuvres pour une première fois dans sa ville natale, que j’ai eu la chance de m’entretenir avec Marie-Paule Dessureault. Voici le résumé d’une rencontre inspirante avec l’artiste de 22 ans résolument déterminée à se tailler une place dans le milieu des arts d’ici et d’ailleurs sans perdre une seconde. 

Crédit : Marie-Paule Dessureault

Qui es-tu en ce moment et comment te décrirais-tu? 

Je suis en transition de Tomas à Marie-Paule Dessureault. Ce qui motive un peu mon choix de changer de nom, c’est plusieurs choses. C’est à la fois que Tomas, c’est vraiment masculin comme nom et Marie-Paule, ça me rejoint plus, ça me représente un peu mieux. Mon grand-père s’appelle Paul, et il y a aussi une itinérante à Val-d’Or que j’aime beaucoup et qui s’appelle Paule. Dans mes œuvres, une différence que je peux voir entre Tomas et Marie-Paule : Tomas, c’était plus brut, il ne sait pas où il s’en va, c’est quasiment de la rage; tandis que Marie-Paule, on doit le dire en anglais, c’est plus délicat. 

Tu dis qu’au début, les toiles de Tomas transpiraient la rage. Est-ce que c’est ce qui t’a poussé à peindre, à te lancer? 

Avant de faire ma première toile, qui s’appelle La naissance, j’étais en train de faire un bac en philo, sociologie et tout, et j’aimais vraiment pas ma vie, c’était pas assez pour moi. J’ai toujours été bonne à l’école, mais ça n’allait pas du tout, j’avais même des pensées suicidaires. Alors, je me suis acheté un morceau de tissu en friperie, énormément de peinture, j’ai consommé et je me suis dit : « Je me lance. Si je fais une toile que j’aime, ça va être ça ma vie, ma vie va changer, pis je vais faire de la peinture et je deviens artiste. Pis si ça marche pas, je meurs. » Finalement, ça a duré huit heures, c’était physique, je tremblais. C’était fou. Finalement j’ai aimé ce que j’ai fait, je me suis dit : « C’est ça que je fais de ma vie ». 

Crédit photo : Stéphanie Poitras

À quel moment as-tu su que ce serait vraiment la chose que tu ferais à temps plein, peindre? 

C’est dur de dire à quel moment précisément j’ai décidé que ce serait ça, mais quand j’ai été acceptée à Concordia, ça a vraiment donné une crédibilité à ce que je fais, pour ma famille, mes pairs, dans le milieu artistique. J’ai été acceptée dans le programme d’art le plus contingenté après trois mois de peinture. Je pense aussi qu’après mon exposition Tomas en bateau, qui était fait de tout ce que j’avais peint en un an, je me suis dit : « OK, là, ça part pour vrai. » L’expérimentation n’est pas terminée, ça ne se termine jamais, mais je veux pousser dans certaines directions sans la forcer.  

Tu entreprends un baccalauréat en arts plastiques à Concordia à l’automne, tu as été préadmise, ce qui est plutôt inhabituel. Raconte-moi comment tout ceci s’est passé. 

Je suis allée rencontrer des profs avec mon travail pour savoir si j’avais des chances d’entrer dans le programme. Certains m’ont dit que je n’avais aucune chance et de m’essayer à l’UQAM; d’autres m’ont dit que trois mois d’expérience, c’était clairement pas assez et que je devais peindre et créer pendant un an pour réessayer l’année suivante. Finalement, j’ai participé à un événement qui s’appelle le portfolio day, qui te permet de présenter ce que tu fais à un professeur qui te guide sur quoi faire ou ajouter à ton portfolio pour présenter ta demande d’admission. J’étais super dernière minute, je me suis inscrite juste avant la limite, il était super tard, j’ai juste eu le temps de mettre quelques dessins, quelques peintures et j’ai eu ma rencontre Zoom. Le professeur a regardé mon travail et il m’a dit : « Tu es préadmise. » Voilà, comme ça, il y avait 50 places dans le programme, il y en a maintenant 49. Il m’a aussi dit que je serais avec 49 autres personnes vraiment meilleures que moi techniquement, vraiment bonnes aussi, alors il m’a dit : « Tu dois travailler, travailler, travailler, peindre, peindre, peindre jusque-là. » C’est fou quand même.  

Pour découvrir le travail de Marie-Paule Dessureault sur Instagram : @mariepaule.artwork. 


Auteur/trice