Ma compagne et moi avons fait une excursion en canot-camping cet été. Six journées sur de grandes étendues d’eau. Ça nous a fait le plus grand bien d’être dans la nature, déconnectés et bien moins pressés que dans le quotidien, celui-là même dont la course vient à peine de reprendre…  

Un après-midi a toutefois été particulièrement pénible alors que de grands vents et un orage nous ont obligés à faire un arrêt sur une île. J’avoue avoir eu peur en voyant arriver les nuages noirs et en entendant l’écho du tonnerre. Mais nous avons bien ramé ensemble et sommes toujours vivants! 

L’été qui se termine est le plus chaud jamais enregistré. Nous avons assisté à nombre de phénomènes météorologiques violents, dont de terribles incendies chez nous. Cela semble devoir devenir le climat qu’il nous faudra affronter à l’avenir. Pas d’accalmies à l’horizon, vraiment pas.  

Nous naviguons, pour ceux et celles qui se l’avouent, sur une planète qui est notre unique refuge. Il paraît terriblement bizarre pour moi de voir les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Inde faire concurrence pour revendiquer les ressources de la Lune. Il n’y a pas de vie sur la Lune, peut-être de l’eau pour aider à aller sur Mars, mais il n’y a pas plus de vie sur Mars. Pas d’air, de lacs, d’arbres, de plantes, d’insectes, d’animaux. Pas d’amour et pas d’avenir.  

Il y a un an de cela, j’ai croisé une bénévole qui s’évertuait à sauver une organisation culturelle qui connaissait de très sérieux problèmes. Pendant notre échange, elle a lâché, en souriant, une phrase qui m’a fait grande impression : « On rame dans la gravelle!» Je crois que c’est ce qui se passe pour les personnes qui tentent d’affronter, aussi lucidement que possible, ce qui vient.  

L’organisation culturelle, dont elle tient le gouvernail avec de nombreuses et nombreux autres volontaires, existe pourtant toujours! Tout le monde s’est relevé les manches et l’organisme continue d’avancer. 

On peut croire que tout est terminé pour l’humanité et se laisser surfer sur nos vagues à l’âme. Cependant, quoi de mieux que d’agir pour le meilleur, même si on sent bien l’orage venir? On ne peut pas attendre après nos gouvernements pour le faire, même s’il est temps qu’ils mettent les voiles plutôt que de garder la tête dans l’eau. 

Pagayer. Prendre le temps de faire ensemble. Prendre le large. Travailler à garder notre cohésion, à être à l’écoute, à faire des compromis, à savoir arrêter lorsque nécessaire, faire preuve d’humilité… Un jardin communautaire? Une coopérative? Une cuisine collective? La justice climatique? Ce qui nous convient, au rythme qui nous convient.  

On peut cheminer, même dans la gravelle. Il s’agit simplement de faire front commun! 


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