L’Abitibi brûle, littéralement. L’accès au territoire public est interdit, avec raison. La fumée de nos feux affecte la qualité de l’air à New York et, pourtant, on aborde du bout des lèvres la question des changements climatiques. 

Il est temps qu’on se sorte la tête du sable. Il est temps que nos politiciens acceptent que l’inaction a des conséquences réelles. On nous dit de mieux consommer, de faire des choix environnementaux, d’arrêter de prendre nos voitures, de changer de mode de vie, d’y aller pour la simplicité volontaire… 

Pourtant, attribuer la responsabilité de l’action environnementale aux citoyennes et citoyens, c’est hypocrite. Hypocrite parce que les gens doivent se battre contre des machines marketing qui nous bombardent de renseignements douteux. Une machine qui veut nous faire croire qu’on a vraiment besoin d’un VUS pour être heureux et en sécurité. On laisse les épiceries nous offrir un sac de crevettes emballé deux fois dans du plastique plutôt que trois. On veut nous faire croire que la société de consommation va miraculeusement trouver une solution à ce problème. On veut nous faire croire qu’on va régler le problème en bannissant les pailles en plastique. Bref, l’écoblanchiment mène le bal. 

Comment faire un choix éclairé quand nos choix sont mal définis? Quand l’option environnementale coûte deux fois plus cher que la polluante? Quand les externalités environnementales sont à peine considérées dans nos indices de prix? Quand l’inflation et la situation économique de la Québécoise moyenne et du Québécois moyen rendent la cohérence écologique impossible? Comment changer la trajectoire alors que même face à la catastrophe, on doute de la cause du problème? 

Les feux de forêt, on prévoit que leur nombre va doubler, voire quadrupler dans les prochaines années. Il serait peut-être temps que les personnes ayant un réel pouvoir d’action posent des gestes concrets parce que, pour reprendre des mots que les économistes comprennent, la marge de crédit de notre dette environnementale est pas mal en train de nous mettre en faillite. 

Devant tant de négatif, j’me disais souvent : « Au moins, il me reste la nature. » Quand j’aurai le droit d’y retourner, on regardera ce qu’il en restera. 


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