Le biomimétisme est une démarche d’innovation durable qui consiste à imiter les solutions déjà élaborées par la nature pour surmonter les défis d’adaptations de l’espèce humaine. Le fondement de cette démarche repose sur le fait que la nature évolue en conservant un équilibre optimal entre économie et efficacité. Il en résulte un système inspirant aux multiples cycles (CO2, H20, N, etc.) qui ne génère aucun déchet. Lorsqu’une composante dite « exogène » (qui provient de l’extérieur du système) intervient dans la régularité des cycles, la nature enclenche un processus d’homéostasie pour stabiliser son état. Depuis toujours, cette formule complexe a permis à l’univers du vivant de persister en usant d’ingéniosité pour arriver à se réinventer et poursuivre son évolution.  

Qu’arriverait-il au système avec l’ajout d’une composante qui viendrait percuter l’état d’équilibre et qui aurait un ratio de croissance trop élevé pour permettre au système de se stabiliser à nouveau? 

À l’échelle de l’individu, vous conviendrez que cette question nous amène une prise de conscience existentielle en acceptant que notre espèce, l’Homo sapiens, corresponde à la composante percutante. Dans les faits, nous générons des déchets à un niveau inégalé par les autres espèces de la Terre et nos solutions, jusqu’à ce jour, n’ont toujours pas permis au système Terre de retrouver son état d’équilibre.  

Pour la planète, notre espèce est surendettée et présente un très mauvais dossier de crédit. Imaginez l’intérêt croissant depuis la révolution industrielle en matière de crédit carbone sur des comptes non payés. Le constat est désastreux, mais il n’est pas question de faire faillite. Il faut plutôt prendre le temps d’observer les dynamiques naturelles propres aux écosystèmes pour comprendre comment la faune et la flore coopèrent pour aménager, récupérer et revaloriser la matière. 

Crédit : Laboratoire de Conception Produit et Innovation

À l’automne, les arbres perdent des feuilles qui serviront de carburant aux vers de terre qui, en les ingérant, contribueront à fragmenter la matière organique. Les déjections des mêmes lombrics permettront aux organismes microbiens d’effectuer leur travail pour former une couche de sol riche en nutriments. Et si on retirait le vers de terre dans l’équation ou que l’on contaminait artificiellement les organismes microbiens avec des produits chimiques? 

Cet exemple permet de dégager des hypothèses intéressantes en s’appuyant sur le biomimétisme pour nous en apprendre sur la gestion des matières résiduelles. Ce qui est produit et consommé localement doit être retourné à sa source pour générer la même valeur pour l’écosystème. Autrement, on engendre une perte brute pour la biodiversité de l’écosystème en question. Comment peut-on réaliser cette recette organique que la nature a créée depuis des millénaires? Je vous laisse le soin de réfléchir à cette question, car les solutions les plus engageantes sont celles auxquelles on réfléchit soi-même.  

Certes, le défi est colossal et un changement d’optique s’impose à l’égard de nos comportements de consommation. Lors de votre prochaine sortie en nature, observez l’ingéniosité autour de vous, ce pourrait bien être une source d’inspiration pour vos prochaines solutions. 

Comprendre les dynamiques des espèces permet de mieux aménager et vivre ensemble sur le territoire. 


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