La rencontre entre l’être, l’élément déclencheur et la création est l’essentiel du message que nous recevons. C’est sur cette lancée que Solène Bernier a présenté une performance en résidence au Centre d’exposition du Rift du 11 au 18 février.
Depuis 25 ans, Solène Bernier, artiste en théâtre, donne son âme au public pour l’amener à découvrir des univers riches en émotions. Cette fois-ci, elle a puisé des idées auprès des proches aidants des personnes Alzheimer, de son expérience comme préposée aux bénéficiaires et auprès de ses amies artistes. Elle a créé un collectif qui s’inspire de la résilience comme début de la démarche.
Solène Bernier, Sophie Lessard, Audrey Dulong-Bérubé et Chloé Beaulé-Poitras ont travaillé avec en tête des idées de résilience, de bienveillance, du moment présent et, surtout, des récits que les adultes en situation de handicap leur ont racontés. La nature a aussi pris place dans le processus de création. Par conséquent, les ressacs qui échouent sur la grève sont devenus un angle créatif comme la mémoire qui vient et qui repart. Enfin, Céleste s’est ajouté comme personnage dans l’œuvre. « Notre processus fut instinctif et intuitif. Le personnage de Céleste, dame âgée vivant avec l’aphasie et un début de trouble neurocognitif tel que l’Alzheimer apparaît rapidement, explique-t-elle. Je voulais explorer leur grande créativité, leur sens de l’humour et la fin de vie qui s’apparente à l’enfance. Les mots manquent, mais l’émerveillement est bien présent. »
Elle poursuit en nous confiant : « Nous demandons aux êtres vulnérables et plus démunis de s’adapter à nous alors qu’il serait plus aidant que nous nous adaptions à eux. J’avais envie de présenter du théâtre en salle d’exposition puisque, pour créer, je pars toujours des matériaux et des réalisations artistiques et scénographiques. » À partir de ce moment, Céleste l’a accompagnée dans la création des toiles, des tissages et des zones de décor. « Nous nous sommes mises dans la peau de Céleste. Nous étions à la recherche de l’imperfection et, surtout, de la poésie qui s’en dégage. Notre regard était sur la nature et surtout sur des humains vieillissants. Notre société n’est pas adaptée aux personnes différentes. On pense qu’on est bienveillants, mais on impose nos façons de vivre à ceux qui ne peuvent vivre de la même façon », ajoute-t-elle.
Solène Bernier a aussi demandé à la poète québécoise Hélène Dorion de lui prêter ses mots pour que le message nous fasse vivre des émotions et des questionnements. « Je pense qu’il y a un lien à faire avec notre société de consommation qui jette les choses trop facilement et la société “qui jette” les humains qui ne sont pas rentables », indique Solène.
Solène Bernier, récipiendaire de deux bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et d’un Prix du CALQ – Artiste de l’année en Abitibi-Témiscamingue, a fait le choix de redevenir artiste à plein temps. Elle explore la matière et laisse ensuite surgir les images. Elle conclut : « J’accepte la part d’imperfection. C’est dans cet esprit que j’offre des ateliers créatifs en art et en théâtre. Je pense que le souci de performer tue la créativité. »


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