« Tout petit, je me promenais partout avec une égoïne, un marteau et une poignée de clous », raconte Laurier Lacasse, le luthier de Ville-Marie.


Il raconte que, confronté aux travaux de la ferme à Saint-Eugènes-de-Guigues, il adoptait plutôt l’attitude de la « ferme buissonnière » et délaissait souvent ses tâches pour réaliser ses idées d’inventions. « Il me passait une idée par la tête et je partais avec ça », se souvient-il, avant d’ajouter « c’est en gossant, qu’on devient gosseron ».


À l’adolescence, la musique s’invite dans sa vie, mais c’est au moulin à scie qu’il passera pratiquement toute sa vie professionnelle. Sa passion créative ne sera toutefois jamais bien loin et il découvre la lutherie en se lançant le défi de fabriquer un violon.


Cet instrument a été le premier d’une longue lignée. Ont suivi une guitare, une contrebasse, un violoncelle et même un Dobro, en commande spéciale. « Le dos du Dobro, d’ailleurs, est en merisier et provient d’une bûche qui avait été noyée dans le lac Témiscamingue depuis des années. C’est tout un art qui allie sculpture et choix du bois. Ce sont des pièces uniques, des œuvres », assure-t-il.

Laurier Lacasse parle de son travail avec passion. « Avec tout l’amour qu’on met là-dedans… », mentionne-t-il, comme s’il s’attachait en quelque sorte à chacune de ses créations.

Pour peaufiner son savoir-faire, il affirme avoir fait plusieurs recherches. « J’ai lu beaucoup de livres, je me suis documenté. Ma fille a fait son cours en lutherie-guitare et depuis, on s’échange des trucs », confie le retraité qui a maintenant tout le loisir de consacrer plus de temps à son atelier.

Et il reste toujours à l’affût des découvertes et de ce que l’on peut récolter, par hasard ou avec l’œil aiguisé. « J’utilise beaucoup de bois locaux, du merisier, de l’érable, mais aussi du bois de rose, de l’ébène. Et puis parfois, je me dis “ah mon Dieu” lorsque le hasard fait en sorte que dans le haut d’un grenier on trouve des trésors, qu’il faut savoir récolter. »


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.