(Photo: Caroline Perron)

L’une travaille surtout en art imprimé, alors que l’autre s’intéresse davantage à la sculpture et à l’installation. Ensemble, elles ont eu le désir de faire cohabiter leurs démarches artistiques distinctes pour mettre en scène la mémoire de lieux significatifs, une œuvre qui s’inspire du patrimoine bâti de la région du Témiscamingue. L’exposition La mémoire des ruines, signée Édith Laperrière et Émilie B. Côté, est présentée au Rift jusqu’au 19 novembre.

PARTICIPATION DE LA POPULATION TÉMISCAMIENNE

C’est par un appel à tous que les artistes ont récolté des photographies, témoignages, matériaux et objets symboliques de lieux porteurs de souvenirs tels que des camps de chasse, des chalets, de vieilles maisons, des granges, des commerces, etc. « J’ai même reçu une photo du village de la mine de Mud Lake, près de Belleterre, qui n’existe plus aujourd’hui, mais qui nous rappelle que l’Est témiscamien a aussi vécu de l’exploitation minière à une certaine époque », raconte Édith Laperrière, encore impressionnée par la participation des gens et l’attachement qu’ils ont envers des lieux bien précis. « De mon côté, ma mère a envoyé une image de la petite cabane à abeilles où mon grand-père faisait son miel. C’est tout ce qui lui reste de l’endroit où elle a grandi. J’ai aussi récupéré la clé de la maison, même elle n’existe plus. Elle fait partie de mon installation », ajoute Émilie B. Côté.

PROCESSUS DE CRÉATION

Le projet a été porté à deux, mais l’aspect créatif s’est déployé de façon individuelle. Édith Laperrière s’est inspirée des photos reçues pour la conception de ses images en dessins en sélectionnant ce qui semblait le mieux illustrer les souvenirs des gens. « Comme à l’habitude, j’ai déconstruit et transformé les images, puisque l’objectif n’était pas de faire une œuvre à caractère historique représentative de la réalité, mais une œuvre davantage axée sur les émotions des gens envers ces lieux. » L’impression en sérigraphie de ses grands papiers a été un défi technique puisque ses procédés d’impression habituels n’étaient pas adaptés à la création d’une œuvre de format géant. Heureusement, elle a pu utiliser l’équipement de L’Atelier les Mille Feuilles qui lui a facilité la tâche.

Une fois cette étape terminée, Émilie B. Côté est entrée en scène, créant son œuvre en s’inspirant de celle de sa partenaire. « Mon projet est en quelque sorte une réponse à son œuvre. » Son défi? Créer sa partie en une semaine. « J’ai récolté des objets et des matériaux cet été, mais tant que l’espace d’exposition n’était pas disponible, je ne pouvais pas vraiment commencer à monter mon œuvre, puisqu’elle est de très grande dimension. C’est la beauté de l’installation, il faut s’imbriquer dans un lieu et s’inspirer de l’espace disponible. Il est difficile de prévoir la finalité de l’œuvre, même si on en a une vague idée. »

DEUX ARTISTES, UNE ŒUVRE UNIQUE

Les estampes sur une bande de papier couvrent la totalité de l’espace mural et l’installation sculpturale au centre rassemble différents éléments. Les impressions de l’une et les sculptures de l’autre forment donc un tout complémentaire dont le message rappelle que « par nos souvenirs et les traces du passé, nous détenons tous des parcelles d’histoire du Témiscamingue » et que « les lieux que nous avons habités se sont transposés dans nos souvenirs et nous habitent encore, presque comme un refuge intérieur ».


Auteur/trice

Originaire du Témiscamingue, Dominique Roy est enseignante au secondaire depuis 1999. Elle complète actuellement une maîtrise en éducation spécialisée en formation à distance. Sa grande passion : la langue française. Ses passe-temps préférés : lire et écrire. D’ailleurs, elle rédige des articles à la pige pour quelques journaux et magazines depuis plusieurs années en plus de conceptualiser, rédiger et réviser des ressources pédagogiques. Son premier article pour L’Indice bohémien, elle l’a écrit en octobre 2011, et cette collaboration perdure depuis tout ce temps.