Bouille sympathique, regard pétillant et œil vif et clair qui disparaît presque lorsqu’un sourire illumine son visage, Élodie Lieber, la scientifique et géologue, est aussi, à ses heures, une créatrice de talent qui dévore les défis avec plaisir et appétit.
Vous l’avez peut-être aperçue vêtue d’une robe bleue fleurie dans la pièce déambulatoire Val-d’Or vous raconte, dans une soirée de contes, son cahier à la main et criant « P’tit macro » en créole réunionnais, ou battant un gâteau au chocolat dans une publicité pour le 60e anniversaire de Béton Barrette à Val-d’Or. Élodie Lieber se décrit elle-même comme curieuse et ouverte aux découvertes.
« J’ai un parcours scientifique et j’aime découvrir de nouvelles choses et la scène culturelle », dit-elle.
Originaire de l’île de la Réunion, Élodie Lieber s’est posée à Val-d’Or en 2008 à la mi-vingtaine, à la fin de ses études en génie de l’environnement. « Je devais ensuite faire un stage et le seul endroit où j’ai trouvé, c’était à Val-d’Or, pour l’entreprise Geologica Groupe Conseil », dit-elle.
Elle plonge dans cette aventure inconnue pour travailler dans le milieu de l’exploration minière, la cartographie, l’échantillonnage et l’hydrogéologie. Ce stage lui permet de découvrir le milieu et, par la suite, elle s’inscrit à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) dans un microprogramme en environnement minier, puis en génie minéral. Elle travaille aujourd’hui pour le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles en Abitibi-Témiscamingue.
« Je ne crois pas que j’ai le talent d’une artiste, mais je suis ouverte à sortir de ma zone de confort et je fais ça par plaisir », confie-t-elle.
Elle a pourtant été repérée par Nicole Garceau, du Festival de contes et légendes en Abitibi-Témiscamingue, qui cherchait à réunir des femmes immigrantes pour le spectacle intitulé Des récits et des femmes, contes pour un tour du monde, animé par Marta Saenz de la Calzada.
« Je ne savais pas trop comment aborder ça. Je suis allée chercher un personnage québécois (Ti-Jean) et un autre réunionnais (Ti-Zean), et j’ai fait une histoire où ils se rencontrent en montrant leurs univers parallèles. C’était aussi une manière de dire, “on vient d’ailleurs, mais on s’intègre aussi à une culture” », explique-t-elle.
Outre la performance sur scène, l’Abitibienne d’adoption précise qu’en acceptant ce défi elle a aussi pris plaisir au voyage en lui-même. « Depuis que je suis maman, je vais moins aux spectacles […] lorsque nous sommes allées à Rouyn-Noranda pour présenter le spectacle, nous avons parlé de nos pays. C’était passionnant d’entendre ce que ces femmes racontent. Ça fait voyager. »
MAL DU PAYS?
Établie en Abitibi-Témiscamingue où elle a eu ses deux enfants avec son conjoint rencontré dans la région, Élodie Lieber n’en reste pas moins attachée à son pays d’origine. « Je viens d’un pays tropical, alors quand l’automne commence, je me sens encore plus loin. Heureusement, on vit dans une époque qui permet plusieurs moyens de communication », assure-t-elle.
Elle ajoute que ses parents viennent la visiter chaque année en Abitibi et qu’elle fait le tour avec eux de nouveaux lieux de découvertes. Reste tout de même qu’avec l’arrivée des enfants un petit mal du pays se fait sentir.
« Je crois que pour tout nouvel arrivant, il faut aussi se laisser du temps. De ne pas dire qu’il n’y a pas ceci ici ou cela, ou on est loin. Simplement prendre le temps d’être curieux, de découvrir les gens et des expériences et au bout du compte, on ne va pas s’ennuyer. Il suffit de trouver ce qui nous allume », conclut-elle.
Élodie Lieber a pris racine et ses nouvelles aventures la portent. D’ailleurs, son conte de Ti-Jean et Ti-Zean a voyagé jusqu’à Sudbury où elle est allée le présenter.