Moins de dix ans après la sortie de son premier roman À cause des garçons (Éditions Druide)en 2013, Samuel Larochelle récidive avec un dixième titre. Cette fois, il s’agit d’un roman graphique, Le plus petit sauveur du monde (Éditions XYZ), avec les illustrations d’Eve Patenaude, qui aborde le thème de l’écoanxiété.

« J’avais vu la pièce Des arbres, mettant en vedette Sophie Cadieux et Maxime Denommée. Est-ce responsable de mettre un enfant au monde dans le contexte environnemental actuel? J’ai entendu plus tard aussi cette réflexion dans mon entourage et je me suis demandé, qu’est-ce qui se passe dans la tête d’un enfant qui entend ça? » résume-t-il. 

Samuel Larochelle explique avoir traîné cette idée avec lui pendant des années, jusqu’à ce qu’il verbalise le tout il y a un an environ. « On a trouvé Eve Patenaude et tout s’est aligné ».

Dans ce livre, le jeune Florent surprend ses parents qui se posent cette question en discutant de la possibilité d’avoir ou non un deuxième enfant. S’ensuit une période où l’enfant se replie sur lui-même, doute et se demande s’il n’est pas, lui-même, un poids pour le monde.

« Sans être bouleversé comme peut l’être Florent par ces enjeux environnementaux, je sens qu’il y a quelque chose qui est en train de grandir dans mon ventre. Il y a des causes que j’aimerais porter en politique, mais je n’ai pas la carapace pour affronter la violence gratuite qui prend de plus en plus de place. Alors, mon petit pouvoir d’écrivain, c’est de brasser les cœurs et de les réveiller pour pousser des gens à agir », ajoute-t-il.

Déjà une suite est envisagée, ainsi que d’autres projets du même type.

L’AVENTURE BIOGRAPHIQUE

L’œuvre de Samuel Larochelle est déjà vaste : des nouvelles en formule recueil collectif, 2 récits poétiques, 25 épisodes de baladodiffusion sur la littérature, 3 biographies (Peter McLeod, François Gendron et Bruno Pelletier) et une quatrième à venir, d’une femme issue du milieu de la culture, « mais je ne peux rien dire de plus pour le moment », prend soin de préciser Samuel Larochelle.

« Écrire une biographie, c’est un mélange entre information et émotion, entre les rôles d’écrivain et de journaliste. C’est aussi poser des questions différentes pour que les lecteurs aient l’impression d’approfondir le sujet. »

Il se souvient d’avoir ri en réécoutant ses enregistrements lors des entretiens qui ont servi à l’écriture de la biographie de François Gendron, qui a été pendant 42 ans, député de l’Abitibi-Ouest pour le Parti québécois à l’Assemblée nationale. « Il était plein d’émotions, coloré, pas plate, ni lisse, ni prévisible. C’est quelqu’un qui s’assume beaucoup! » se souvient-il.

ÉCRIRE : UN GESTE MILITANT

« Je dirais que, dans ce que j’écris, il y a quatre grandes thématiques qui reviennent. Les enjeux de la communauté queer, la région, l’environnement et tout ce qui est sensible et assumé », affirme Samuel Larochelle, qui signe aussi régulièrement des textes et des chroniques sur la communauté LGBT.

Samuel Larochelle

Ses premiers écrits, d’ailleurs, étaient très incarnés. « Dans mon premier roman, mon personnage était queer, c’était un choix politique. Dans mes premiers romans, il y avait beaucoup de moi. Ce que je réalise aujourd’hui, c’est que je continue de faire des liens entre mes œuvres et moi dont je n’ai pas toujours conscience. C’est le cas avec Florent. J’ai transposé des caractéristiques de moi. Plus jeune, je me suis senti inadéquat et je me suis aussi réfugié à l’intérieur [de moi-même]. »

Depuis, l’écrivain aux mille projets a trouvé une forme de sérénité et d’apaisement personnel. Il plonge dans le travail, par plaisir, par curiosité, par défi aussi. Il caresse le rêve d’écrire une série télé, un film, une chanson, une pièce de théâtre, d’animer à la radio ou à la télé et, un jour, de livrer un spectacle qui saura marier contes, chansons et mise en scène.

« Dans les dernières années, des gens m’ont invité dans des projets, m’ont ouvert des portes. C’est au-delà de faire sa place dans le milieu littéraire. Je pense que je suis vraiment là où je dois être », explique-t-il tout simplement.

Samuel Larochelle tiendra un prochain cabaret des mots dans la région le 11 octobre à Amos, le 12 à La Sarre, le 13 à Rouyn-Noranda et le 14 à Val-d’Or.


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.